ANR Ineduc

Inégalités éducatives

Responsable du projet : Pascal Plantard

Le projet ANR INEDUC est porté par ESO, le laboratoire de géographie sociale de l’Université Rennes 2. Il a démarré en 2012 pour une période de trois ans et demi. Le colloque « Inégalités éducatives et espaces de vie » qui se déroulera les 10 et 11 septembre 2015 à l’Université Rennes 2 clôturera le programme. En décembre 2014, les enquêtes quantitatives et qualitatives ont été réalisées et l’équipe entame le travail d’analyse des données.

Le projet ANR INEDUC présente la caractéristique de croiser les parcours scolaires avec les pratiques numériques et de loisirs des adolescents. Il vise à identifier les inégalités éducatives liées aux contextes et espaces de vie des jeunes âgés de 13 à 15 ans (période scolaire du collège) en France. L’éducation renvoie ici aux acquisitions qui résultent des interactions entre l’individu et son environnement physique et humain, englobant tant les transmissions par action volontaire que par imprégnation. L’objectif est d’analyser différents contextes qui influencent les parcours éducatifs des jeunes : celui de l’institution scolaire, celui des loisirs sportifs et culturels et celui, transversal aux deux précédents, des environnements numériques. Ces contextes, par les types d’usages des ressources localisées qu’elles déterminent, induisent des différences dans les parcours sociaux des adolescents. Faute d’actions préventives ou réparatrices efficaces, ces différences se traduisent en inégalités qui, cumulées dans l’espace et dans le temps chez une partie des jeunes, peuvent mettre en péril la cohésion sociale. Identifier les différents mécanismes de la construction de ces inégalités et leurs liens peut fournir des outils théoriques utiles pour la promotion de l’épanouissement du potentiel de chaque jeune afin qu’il puisse devenir acteur de son propre développement et du développement social.
La dimension comparative de ce projet, qui traite, sur le plan quantitatif, de trois territoires régionaux (Aquitaine, Basse-Normandie et Bretagne) et sur le plan qualitatif, d’espaces locaux sélectionnés dans ces régions, vise à enrichir la connaissance sur la diversité des politiques d’éducation et plus globalement sur les types d’effets de lieu sur les parcours sociaux et éducatifs des jeunes. Relier les trajectoires scolaires, les pratiques de loisirs et les pratiques numériques aux caractéristiques propres au jeune, à sa famille, à son environnement ou à son mode de vie, nous permettra d’analyser les « fractures éducatives », soit les différences de niveaux de connaissances et d’éducation qui distinguent les adolescents.
La réflexion sur la construction des parcours parait particulièrement pertinente sur la tranche 13-15 ans car cette période d’adolescence-jeunesse est déterminante et moins investiguée que la jeunesse de 16 à 25 ans. En effet, à cet âge, les adolescents prennent une réelle autonomie d’action vis-à-vis de la famille et sont moins assujettis aux choix parentaux et aux activités familiales (Pasquier, 2005). Au moment de l’entrée au collège, ils conquièrent et explorent de nouveaux espaces hors de la famille et hors des établissements scolaires : espaces du quartier ou de l’agglomération, espaces publics et équipements socio-culturels et sportifs, espaces numériques (réseaux sociaux, sites commerciaux, ludiques ou d’information) en y déployant des activités moins contrôlées par les adultes. De ce fait, il s’agit véritablement d’une période cruciale de construction du parcours éducatif et de construction identitaire incluant l’acquisition de schèmes d’action, de pensée et de perception déterminants.