Lundi 18 avril 2016 s’est tenue la journée d’étude co-organisée par le GIS Marsouin et le Conseil régional de Bretagne sur les PME bretonnes et le numérique.
A 14h, Bernard Pouliquen, treizième vice-président chargé de l’enseignement supérieur, la recherche et la transition numérique, a ouvert cette journée d’étude. Il a présenté brièvement la situation bretonne, sa légère avance sur le plan national en termes de déploiement de la fibre optique, mais néanmoins un retard à l’échelle mondiale. Il a rappelé l’importance qu’accorde la Région au numérique et notamment pour les PME.
Tout le monde est concerné par la révolution numérique, aussi, la Région cherche à accompagner au mieux tous les acteurs.
Enfin, Monsieur Pouliquen a présenté le déroulé de la journée et rappelé sa volonté de poursuivre l’implication de la Région dans les enquêtes du GIS Marsouin.
– En introduction, Nicolas Deporte, statisticien de Marsouin, a présenté en quelques mots l’enquête PME 2015 et les fiches entreprises 2015, diagnostic personnalisé envoyé à chaque entreprise participant aux enquêtes Marsouin et présentant la situation numérique de l’entreprise par rapport aux autres entreprises de sa taille et de son secteur d’activité.
Première partie : BTHD, visioconférence & e-administration
– C’est Thomas Renault et Muriel Chabert qui entament les présentations de cette journée d’étude. Ils nous présentent leur "Diagnostic sur la qualité de la connexion Internet, la visioconférence et les services d’e-administration".
La Bretagne est engagée dans le plan BTHD et s’efforce d’apporter au plus vite la fibre optique à l’ensemble du territoire afin de bénéficier de la meilleure technologie d’accès à Internet connue à ce jour.
Partant du constat qu’il y a aujourd’hui un problème d’offre, qui est soit inexistante, soit trop onéreuse, Mégalis Bretagne et la Région Bretagne mettent en œuvre des solutions pour y remédier.
Thomas Renault nous rappelle le calendrier : 60% du territoire en 2020 et 100% en 2030.
Muriel Chabert quant à elle nous présente les outils existants pour la dématérialisation des procédures administratives, la simplification des marchés publics qui devrait simplifier la vie des entreprises répondant aux marchés publics et permettre l’accès à ces marchés à de nouvelles entreprises qui ne s’y aventurent pas encore.
Enfin Muriel Chabert aborde la question de la visioconférence et nous présente le déploiement des 110 salles réalisé ces dernières années afin de faciliter l’accès à cette technologie sur l’ensemble du territoire breton.
– Daniel Thierry poursuit cette première session, il présente ses travaux menés au sujet des usages des salles de visioconférence. Il a conduit plusieurs études qualitatives et quantitatives auprès des PME mais aussi auprès d’EPCI, de Pays, d’îles bretonnes. Ce sont au total plus de 100 entretiens semi-directifs qui ont été menés auprès d’offreurs de services de visioconférence.
L’auteur rappelle les objectifs de la politique régionale et sa mise en œuvre au cours des dernières années puis nous présente ses résultats. On apprend notamment que les visioconférences se font principalement entre partenaires bretons, en second lieu avec des partenaires français, et très rarement avec des partenaires à l’étranger. Les visioconférences sont reconnues pour permettre une efficacité accrue, avec un ordre du jour mieux défini et une meilleure gestion du temps. Néanmoins elles ne permettent pas les mêmes types d’échanges qu’en réunion en présentiel. L’auteur met l’accent sur la confiance comme un élément clef du succès du déploiement de la visioconférence et pointe la sous-utilisation du matériel à l’heure actuelle.
Deuxième partie : Innovation & big data
– Sébastien Le Gall et Virginie Lethiais présentent leurs travaux sur l’innovation dans les PME. Quelles ressources sont mobilisées, quel est le rôle des TIC, quel est le rôle de la localisation des entreprises. Les auteurs ont analysé la manière dont les PME mobilisent les ressources locales et distantes dans leur processus d’innovation. Leurs travaux ont mis en évidence un lien entre l’échelle géographique de coopération et l’échelle géographique des sources d’idées ainsi qu’un lien entre l’échelle spatiale des coopérations et l’appropriation des technologies de l’information et de la communication. Ils ont élaboré une typologie permettant d’identifier et de caractériser 5 classes de PME ayant innové et coopéré avec des partenaires durant les deux dernières années précédant l’enquête.
– C’est ensuite Thomas Le Texier qui nous présente ses travaux sur les stratégies d’acquisition et d’exploitation des données au sein des PME bretonnes.
De plus en plus, les professionnels sont conscients du potentiel de développement de leur entreprise s’ils savent tirer profit des données générées par leurs activités et leur clientèle. « La data, c’est le carburant de la révolution digitale ». À l’échelle mondiale, les entreprises font face à une croissance exponentielle de la création de données qu’il faut savoir stocker et exploiter. Thomas Le Texier nous présente les promesses du big data ainsi que les freins et facteurs d’adoption de stratégies orientées data (qu’elles soient « big » ou pas). En plus d’avoir étudié les usages effectifs des PME, Thomas Le Texier s’est aussi intéressé à la perception du potentiel de la donnée par les PME bretonnes et a identifié des freins à la perception d’un potentiel de développement économique grâce à l’exploitation des données. Il conclut sa présentation par un certain nombre de recommandations afin d’aider les PME à mieux « négocier le virage (big) data ».
– Yann Dieulangard termine cette deuxième session avec une présentation sur les usages numériques et attentes des PME du secteur d’activité de la construction et du bâtiment intelligent en Bretagne. La Meito remplit une mission d’observatoire et d’accompagnement, notamment dans le cadre de son action « le numérique au service du bâtiment intelligent ». L’auteur a isolé les PME du secteur d’activité concerné par l’action de la Meito. Il a observé leurs usages du numérique comparativement aux autres secteurs d’activité. Le numérique est omniprésent pour les PME du bâtiment et représente une cheville indispensable à la réussite des objectifs fixés par la « COP21 », le « Plan Bâtiment Durable » et le « Plan Energie » de la Région Bretagne.
En termes d’usages, l’auteur relève notamment : une (trop) faible adoption du Cloud par l’ensemble des PME, des PME du bâtiment plus concernées par les marchés publics que les PME d’autres secteurs d’activité et des PME du bâtiment moins bien dotées en personnel compétent en informatique. Enfin, l’auteur propose une focale sur la gestion des données et le big data dans les PME du bâtiment. Bien que les usages soient assez faibles, le potentiel ressenti est très fort dans ce secteur d’activité, et l’augmentation constante du volume de données numériques est une réalité pour 60% de ces PME.
Troisième partie : Formation, communication & réseaux sociaux
– Jérôme Eneau nous propose une présentation sur les pratiques de formation des salariés dans les entreprises et surtout l’autoformation et les apprentissages informels qui s’opèrent parmi les salariés.
L’auteur part du constat que très peu de PME proposent des formations à leur salariés. Les périodes de formation sont avant tout un moment privilégié pour permettre aux salariés l’apprentissage de techniques, méthodes, outils … utiles à leur travail au quotidien. Cependant, les apprentissages peuvent aussi se réaliser en dehors des périodes de formation : ils peuvent être informels, s’acquérir de manière autonome en réponse aux problèmes rencontrés dans le quotidien du travail. C’est cette forme d’apprentissage qui nous intéresse précisément ici. L’auteur a pu observer au cours de ses travaux que beaucoup d’apprentissages se font de manière non-formelle en contexte professionnel. En effet, seulement 20% des apprentissages se feraient de manière formelle. Les apprentissages informels peuvent reposer sur de simples recherches d’informations sur Internet, des demandes de conseils entre collègues de travail, des visionnages de tutoriels, etc.
Christine Petr conclut cette journée en nous présentant un outil pour la gestion de la communication de l’entreprise : la charte éditoriale sociale. En premier Lieu, l’auteur nous propose de faire le point sur la présence en ligne des PME : les ¾ ont un site Internet et ¼ sont sur les réseaux sociaux numériques. Très peu de PME ont aujourd’hui adopté une charte éditoriale sociale afin de règlementer la communication en ligne de l’entreprise, mais 39% pensent que ça leur serait utile. L’auteur a étudié la perception des chartes, leur utilité potentielle perçue par les PME, leurs effets supposés… Enfin elle a identifié certains profils de PME particulièrement sensibles à la sécurité et plus susceptibles d’adopter une charte éditoriale sociale, comme par exemple celles qui ont un site web et proposent un service après-vente, celles qui innovent le plus…