[Cahier de recherche] Enjeux et perspectives de la logistique des retours appliquée à la grande distribution : l’exemple des D3E.

, par Céline Bouder, Jean-Marie Charlier, Olivier Mével, Yvan Leray

Mots clefs : management des chaînes logistiques, logistique des retours, déchets issus des équipements électriques et électroniques, D3E, grande distribution, chaîne de valeur, oligopole bilatéral.

En abordant le domaine des déchets issus des équipements électriques et électroniques -D3E- et de la structuration de la filière de traitement liée, cet article basé sur une approche empirique aborde les enjeux et perspectives de la logistique des retours dans le cadre spécifique de la grande distribution.

Après avoir précisé ce que l’on entend par logistique des retours, d’une part, et le cadre des D3E, d’autre part, trois séries de questionnements sont avancées :

 techniques avec une mesure d’impacts sur la chaîne logistique,

 éthiques et écologiques avec une lecture au niveau du consommateur dans un contexte de grande distribution,

 économique et concurrentiel avec une analyse en terme d’oligopole bilatéral à frange non concurrentielle.

Based on an empirical approach, this article studies the reverse logistic of electronics and electric equipment wastes, focussing on the specific case of mass marketing (supermarket). After defining the reverse logistic concept, and the E3W background, we investigate three main questions :

 a technological one, trying to measure the impact on the supply chain,

 an ethical and ecological one, from the client’s point of view in a mass market context,

 an economical one, studying the competition as a bilateral oligopoly with non competitive fringe.

Key words : Supply Chain Management, reverse logistic, electronics and electric equipment wastes (E3W), large-scale distribution, value chain, bilateral oligopoly

Une version longue de cette étude est disponible au format pdf.

Introduction.

La raréfaction des ressources naturelles encourage la gestion de la logistique des retours. En effet, les entreprises doivent faire face à une augmentation de reprises de leurs produits, et ont besoin d’organiser ces retours. Toutefois les motivations de structurer une chaîne logistique inverse au sein de l’entreprise sont multiples. Les principales raisons sont liées, à des contraintes écologiques et environnementales, à des orientations légales, à des opportunités économiques et stratégiques pour les firmes, à des positionnements marketing.

Actuellement, des entreprises de plasturgie, comme Galloo Plastic dans le Nord de la France, réalisent des recherches sur le recyclage de matières plastiques composées de différentes résines, dérivées de la pétrochimie, afin de pouvoir réutiliser ces matières plastiques. Ces recherches sont incitées par le coût croissant du pétrole et les limites des gisements connus.

Cette situation se retrouve à l’identique pour le plomb, dont les réserves s’épuisent, raison pour laquelle il est de plus en plus remplacé dans certaines de ses applications, outre ses propriétés de métal lourd.

Si l’on s’intéresse à la question des D3E (déchets issus des équipements électriques et électroniques), on remarque la création d’une filière spécifique encadrée légalement, avec un positionnement de différents acteurs, pour une structuration en cours. Cet article, volontairement limité à la grande distribution, est l’expression d’une synthèse de travaux de réflexions plus larges effectuées par les auteurs sur la question des D3E et menés dans le cadre d’un groupe de travail multi-profil [1].

L’objectif principal du travail reposait sur deux phases : une recherche d’informations sur les D3E dans une lecture ouverte et pluridisciplinaire (logistique, juridique, économique, gestionnaire), une analyse du potentiel de développement d’une réponse opérationnelle en terme de logistique des retours. Extrait de travaux plus larges, l’article proposé s’appuie donc sur une approche empiro-inductive des enjeux et perspectives de la logistique des retours appliquée aux D3E dans le cadre spécifique de la grande distribution alimentaire.

Il est intéressant de noter qu’une particularité de la question des D3E est de trouver un terrain d’application dans la grande distribution alimentaire. Pour information, en France, en 2006 et selon l’Insee, plus de 70 % du commerce de détails était réalisé en grande distribution alimentaire (supermarchés, hypermarchés et grandes surfaces d’alimentation générale). Les activités de la grande distribution alimentaire touchent à des produits autres qu’alimentaires (bazar, textile, produits blancs et bruns : hifi, vidéo, électroménager...), et 50 % des collectes D3E passent par la grande distribution spécialisée et alimentaire.

Après avoir présenté la logistique des retours dans le cadre particulier des D3E (1.), nous aborderons les enjeux et perspectives de la logistique des retours des D3E pour la grande distribution (2.).

Notes

[1Membres du groupe de travail : centrale d’achat (responsable logistique), transporteur-messagerie (chargé d’étude reverse logistic et D3E), université (2 enseignant-chercheurs).

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