Une première évaluation des effets de la loi Hadopi sur les pratiques des internautes français

, par Raphaël Suire, Sylvain Dejean, Thierry Pénard

L’objectif de cette note est de mener une des premières évaluations des effets de la loi Hadopi sur les pratiques des internautes français. Les internautes ont-ils réduits leurs téléchargements illégaux depuis l’adoption de cette loi ? Se sont-ils tournés vers des formes alternatives de piratage numérique échappant à loi Hadopi ? Sont-ils allés vers des offres légales ?

Principaux points à retenir :

  A peine 15% des internautes qui utilisaient les réseaux Peer-to-Peer avant l’adoption de la loi Hadopi ont définitivement cessé de le faire depuis.
  Parmi ces ex-téléchargeurs, seulement un tiers a renoncé à toute forme de piratage numérique, alors que les deux tiers restant se sont tournés vers des pratiques alternatives de piratage échappant à la loi Hadopi comme le streaming illégal (allostreaming,…) ou le téléchargement sur des sites d’hébergements de fichiers (megaupload, rapidshare,…).
  Bien que le nombre d’internautes fréquentant les réseaux Peer-to-Peer ait diminué, le nombre de « pirates numériques » a légèrement augmenté depuis le vote de la loi Hadopi.
  Parmi les internautes qui continuent encore de télécharger sur les réseaux Peer-to-Peer, 25% d’entre eux déclarent avoir modifié leurs pratiques de piratage depuis l’adoption de la loi Hadopi.
  Enfin, les « pirates numériques » se révèlent être, dans la moitié des cas, également des acheteurs numériques (achat de musique ou de vidéo sur Internet). Couper la connexion Internet des utilisateurs de réseau Peer-to-Peer pourrait potentiellement réduire la taille du marché des contenus culturels numériques de 27%. Une extension de la loi Hadopi à toutes les formes de piratage numérique exclurait du marché potentiellement la moitié des acheteurs de contenus culturels numériques.