Mots-clefs : handicap, dépendance, technologies, entourage.
Dans le cadre d’une recherche menée dans le Finistère (plus de 400 situations étudiées à partir des dossiers d’aménagement de l’habitat du Pact-Arim), nous avons cherché à connaître les techniques et les technologies utilisées dans le cadre de l’adaptation de l’habitat aux handicaps.
La population rencontrée souffre de maladies lourdement invalidantes (Parkinson, sclérose en plaques) et de handicaps liés à des accidents de santé (hémiplégie) ou à des malformations présentes dès la naissance. Au moment de l’enquête, la majorité des personnes sont âgées de 60 ans et plus. Pour comprendre les usages différenciés des objets techniques introduits et des aménagements entrepris au domicile de ces personnes, plusieurs monographies ethnographiques ont complété l’étude réalisée à partir des dossiers. Les résultats présentés ici portent sur les décalages entre les préconisations des professionnels et les priorités manifestées par les personnes. A ces différences il est nécessaire d’ajouter les conceptions des proches, leur influence sur les décisions et, par ailleurs, leur collaboration ou leur opposition aux acquisitions et à leurs usages. Les techniques et les stratégies présentées selon les espaces d’usage sont diverses dans la mesure où la recherche avait pour objet de comprendre ce qui contribuait aux acquisitions et à leurs usages réels et ce qui pouvaient freiner ces pratiques.
Introduction. L’importance de l’indépendance au quotidien.
Le niveau des équipements acquis est déterminé par les stratégies personnelles utilisées face au handicap, par les modes d’organisation familiale et par les formes d’intervention des professionnels. Au-delà des moyens de la mobilité, les techniques prioritaires aux yeux des individus sont celles qui permettent l’indépendance au quotidien. Cette indépendance et cette autonomie sont recherchées aussi bien envers les membres de la famille et de l’entourage amical et de voisinage qu’à l’égard des professionnels. Cependant, l’usage des techniques s’avère d’autant plus développé que les nouveaux équipements ont donné lieu à plusieurs médiations venant des personnes proches. Ces médiations paraissent indispensables en amont pour la diffusion et la compréhension des informations relatives aux techniques et à leurs avantages, ensuite pour les essais éventuels et enfin pour les décisions d’acquisition. En aval, les ajustements des nouvelles techniques et des aménagements nécessités dans l’habitat supposent l’accompagnement de l’initiation aux maniements divers et l’acceptation d’un apprentissage prolongé. Pour ces différentes actions, les membres de la famille et de l’entourage élargi ne sont pas les seuls médiateurs possibles, certains professionnels dont la présence est régulière peuvent jouer des rôles essentiels en ce sens auprès des personnes confrontées à des problèmes de mobilité. Ces soutiens aux nouveaux usages manifestent ainsi les évaluations positives à l’égard des capacités d’adaptation des personnes en situation de handicaps.