Etats des lieux des pratiques légales et illégales en ligne : la montée du piratage de proximité

, par Eric Darmon, Raphaël Suire, Sylvain Dejean, Thierry Pénard

Depuis la fin des années 90 et l’apparition de Napster, les pratiques audio/vidéo en ligne n’ont cessé de se développer. Face à une industrie culturelle et notamment une industrie du disque restées longtemps immobiles, les réseaux d’échanges illégaux ont pris leur essor depuis le début des années 2000.
Le Peer To Peer (P2P : Kazaa, Edonkey, Bittorent, etc…) a posé les jalons d’un réseau « hors marché » où les internautes échangent musiques, films, séries, logiciels. Peu après, des plateformes de streaming et des espaces de stockage partagés (Megaupload, Rapidshare, etc…) sont venus compléter et diversifier les modes d’acquisition de contenu audio/vidéo en ligne.

En cherchant à préserver la rentabilité d’un secteur qui s’était construit sur la maîtrise des réseaux de distribution et la reproduction des supports physiques (VHS, CD, DVD..), les industries culturelles ont tardé à mettre en place une offre légale capable de répondre aux nouveaux besoins et attentes des consommateurs « numériques ». Les offres de contenus culturels payantes et légales sont pourtant prometteuse. Aux Etats-Unis, 50% des ventes de musique sont « numériques ». En Suède, les abonnements payants sur la plateforme Spotify représentent 84% des revenus numériques dans ce pays et en France, l’accès à ces mêmes services de streaming a augmenté de 50% en 2011.
En France, l’intervention du législateur est passée par la mise en place d’une autorité administrative en charge de la surveillance des réseaux P2P, mais également par la promotion d’une filière légale de distribution en ligne.

L’objectif de cette note est de faire un état des lieux des pratiques de consommation de contenu audio/video en ligne, qu’elles soient effectuées de manière légale ou illégale.

Cette analyse nous permet de dessiner les contours d’un écosystème « post Hadopi » où, nous allons le voir, les échanges en ligne laissent peu à peu la place aux réseaux de partage hors ligne et de proximité.

Trois principaux enseignements ressortent :

 Les internautes sont encore assez peu nombreux à utiliser les services payants en ligne, ils privilégient les services gratuits (catchup Tv, streaming gratuit).

 Les échanges de proximité (de la main à la main) sont le moyen le plus répandu pour se procurer des fichiers audio/vidéo.

 Les réseaux d’échange de proximité sont structurés autour d’individus "fournisseurs"

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