A l’image de l’accès au haut débit en France, avec son millier de structures, la Bretagne offre en matière d’accès public à Internet une très bonne couverture de la population (82% des bretons) mais avec de grandes disparités et encore quelques zones très peu pourvues.
Dans cet article, nous vous proposons un aperçu du maillage territorial organisé par les lieux d’accès publics à Internet en nous basant sur 3 approches différentes :
– une approche de la dimension communale à travers une exploitation statistique basée sur les caractéristiques des communes proposant de tels espaces,
– une approche de la dimension intercommunale grâce à de la cartographie,
– une approche par Pays basée sur des indicateurs rapprochant densité de lieux et caractéristiques de population et de superficie.
Mots clefs : accès public à Internet, recensement, indicateurs, cartographie, pays
Mi 2010, l’observatoire Opsis de M@rsouin procédait à un recensement des Lieux d’Accès Public à Internet (LAPI) en Bretagne. Un premier article [1] présentait la méthodologie particulière de ce recensement très complet et une cartographie des communes proposant de tels accès. Cet article, à partir des 1058 LAPI recensés, présente un éclairage qui se veut quantitatif et territorial de l’accès public à Internet en Bretagne. La première partie de l’article dresse un état des lieux de l’implantation des LAPI selon une approche communale, relevant les facteurs déterminants de cette présence. Tandis que la deuxième partie s’appuie sur un découpage territorial différent pour prolonger l’analyse de cette implantation. Basée sur de la cartographie et des indicateurs, cette partie donne une représentation du maillage territorial organisé par les LAPI à l’échelle des territoires de projets que sont les EPCI, les Pays, explorant aussi les zones rurales et urbaines.
Ces outils, statistiques, cartographie et indicateurs, ont pour objectif, non pas de dresser un palmarès des territoires, mais bien de servir la gouvernance locale de l’action numérique.
La synthèse des résultats au niveau des communes |
Une implantation variée
– Derrière les services d’accès public à Internet se cachent des structures d’accueil très diverses. Les lieux vont de la bibliothèque, qui offre un accès du fait du lien entre livre et multimédia, déjà équipée en informatique pour que ses usagers puissent faire des recherches documentaires, à la mairie qui offre un point d’accès pouvant être libre, non orienté, ou encore à la cybercommune qui propose un service d’accompagnement plus spécialisé autour de cet accès. L’accès public à Internet est aussi proposé dans de nombreux autres lieux, souvent des équipements de quartier liés à la jeunesse, à l’emploi ou implantés dans des structures sociales. Il arrive aussi qu’il soit situé dans des lieux plus inhabituels, nous citerons comme exemple le PAPI des douches municipales de Brest.
Quand on compare les lieux d’implantation actuels à ceux existant lors de l’évaluation M@rsouin du projet régional « Cybercommunes » de 2003, on note une plus grande diversité des types de lieux. Au delà de cette plus grande diversité, les lieux privilégiés restent les mêmes : arrivent en tête les bibliothèques, les mairies et les salles propres. Actuellement, les bibliothèques représentent à elles seules 46% des lieux d’accès publics identifiés. Et selon nos estimations, 87% des bibliothèques ont un accès public à Internet.
Des clivages entre communes persistants
– La cartographie de l’implantation des LAPI (voir article précédent) témoignait d’une relativement bonne couverture globale du territoire en points d’accès public, cependant les clivages entre communes de taille importante, riches, touristiques et communes plus ouvrières, en zones rurales ne sont pas réduits. Autant de déterminants de la fracture en terme d’accès public qui peuvent laisser craindre que la fracture numérique sous toutes ses formes (accès, usage, accès public, générationnelle, économique …) ne s’aggrave, notamment si les communes dans le cadre de leurs actions en faveur du développement du numérique n’intègrent pas davantage ce caractère social.
L’évaluation des cybercommunes de 2003 relatait d’une « uniformité dans l’accueil accordé à ce type de structure par les municipalités quelle que soit leur taille ». Sept ans plus tard, on conclut plutôt à un effet taille important mais pas de réel effet zone urbaine. Ainsi, le taux de présence de lieu d’accès public à Internet n’est que de 42% parmi les communes de moins de 2000 habitants (à comparer avec les 99% pour les communes de plus de 5000 habitants). Les contacts établis lors de ce recensement montrent qu’il y a encore de réels besoins d’évangélisation de l’intérêt d’offrir un service public d’accès à Internet pour une commune de petite taille. Ils témoignent aussi du besoin de remontées d’expériences mais à condition qu’elles proviennent de communes de mêmes taille et situation.
Taux de présence de lieux d’accès public à Internet selon la taille et la zone
Un accès lié à la culture et aux infrastructures
– Même si on assiste à un investissement croissant de certaines collectivités locales dans des lieux d’accès public à Internet, il n’y a pas encore à proprement parler, en dehors des plus grandes villes, de politique communale d’accès public, mais plutôt des approches de l’accès public au numérique. Deux constats émergent à ce sujet lors de notre recensement. Tout d’abord, les lieux d’accès publics à Internet, quand ils existent, ne sont pas valorisés, notamment sur les sites web ou bulletins communaux. Ensuite, on peut remarquer que l’offre de service d’accès public dans de nombreux cas n’est pas indépendante (statistiquement) d’autres éléments de la vie numérique et culturelle des communes, comme la présence sur le Web à travers un site ou à l’accès à la culture à travers une bibliothèque.
Présence de lieu d’accès public à Internet et vie communale
La synthèse des résultats de l’analyse territoriale |
82% des bretons habitent dans une commune proposant un accès
– La Bretagne offre en matière d’accès public à Internet une très bonne couverture de la population. Avec son millier de lieux on peut dire, qu’en moyenne, elle offre un lieu d’accès public à Internet pour 3000 habitants. Cette très bonne implantation laisse apparaître pourtant certaines disparités. Ainsi, résultat attendu, on retrouve une plus forte concentration des accès et une plus forte multiplicité des lieux dans les aires urbaines métropolitaines et grandes aires urbaines. Mais globalement, il ressort aussi qu’il reste d’importantes zones géographiques non couvertes, que la façade nord est sous-équipée par opposition à la façade océanique, que la zone centrale de la Bretagne est assez bien couverte.
La couverture géographique est moins forte même si elle atteint les 65%
– 65% de la superficie bretonne est couverte par des communes équipées d’au moins un lieu d’accès. Les éléments de cartographie le montrent bien : que ce soit à l’échelle de la commune, de l’EPCI ou du Pays, il existe cependant encore des territoires n’offrant aucun type d’accès public à Internet, des territoires aussi avec une très faible couverture géographique. De plus, cette faible couverture géographique peut se cumuler avec une faible couverture de la population, c’est le cas du Pays de Guingamp. Mais ce n’est pas le cas du Finistère, où la couverture en terme de population est bonne (81%) et la couverture géographique est une des plus faibles (58%). Cela signifie aussi qu’il existe encore des territoires avec des distances d’accès importantes pour les habitants, alors que le programme « Cybercommunes » raisonnait déjà, il y a 10 ans, en terme de distance d’accès avec son objectif qu’aucun breton n’habite à plus de 20 kilomètres d’un tel espace.
Une logique de cumul et/ou de contagion
– La cartographie à l’échelle des intercommunalités rend compte des dynamiques d’implantation. Fait saillant, les communes équipées d’accès public à Internet sont situées à proximité géographique les unes des autres. Certes, cela peut s’expliquer par une logique d’équipement qui peut être intercommunale avec, dans certains cas, la présence d’un LAPI dans toutes les communes. Mais, on observe également cette contagion au sein des nombreuses intercommunalités où seulement certaines communes sont équipées, et ce totalement indépendamment. Par ailleurs, les indicateurs viennent également mettre en valeur de forts contrastes dans les dynamiques d’implantation des Pays.
Une valorisation déficiente des lieux d’accès public à Internet
– Ces très fortes hétérogénéités de services d’accès montrent bien que lors de l’analyse de l’accès public à Internet (ou lors d’actions en faveur de son développement), il n’y a pas vraiment de territoire pertinent. Ici ce pourra être le quartier, la commune, là une intercommunalité ou un Pays que l’on pourra, par exemple, mobiliser autour de la mutualisation des équipements, de l’animation, de la mise en réseau mais aussi et surtout autour de la valorisation des lieux. Pour rappel, 57% des non-internautes bretons ne connaissent pas « d’endroits où ils pourraient se former à l’informatique si ils le souhaitaient ». Lors du recensement, nous avons pu constater de nombreux cas de cybercommunes ou d’autres espaces, implantés au siège de la communauté de communes ou dans une commune limitrophe, non valorisés. Ils étaient présentés ni sur les bulletins d’informations municipaux, ni sur les sites Web des communes, les sites Web des autres communes de l’intercommunalité ou le site Web de l’intercommunalité.
Indicateurs de couverture des territoires
Par département
Par zone
Par Pays
Consultez l’ensemble de l’analyse et des données statistiques dans le rapport