Mesure des usages de l’informatique et situations d’usage

, par Jocelyne Trémenbert

L’article qui suit présente différentes mesures des usages de l’informatique en général et d’Internet en particulier. Il s’appuie sur l’exploitation des données de l’Enquête nationale Permanente sur les Conditions de Vie menée par l’INSEE ([EPCV 2005 [1] ]) complétées par notre propre enquête régionale « Enquête Résidentiels 2006 » , sondage téléphonique auprès de 2000 individus (caractéristiques de cette enquête)".

Cette étude des usages va permettre d’apporter des réponses à des questions classiques comme :

 Combien y a-t-il d’internautes en France ?

 Qui sont-ils ?

 D’où se connectent-ils ?

 Quelles fonctions Internet utilisent-ils ?

Mais, dans le prolongement de l’article sur l’équipement, l’article abordera aussi des hypothèses comme l’acquisition foyer entraîne-elle l’usage individuel ? Et même plus généralement, quels sont les facteurs influençant l’usage ? Ainsi, il s’attardera bien sûr sur les spécificités liées aux caractéristiques socio-professionnelles (âge, profession, revenus ..), mais aussi sur d’autres éléments du contexte comme l’entourage, la diffusion des technologies et la présence d’enfants dans le foyer.

Nous constaterons que les technologies de l’information et de la communication ne sont pour certains qu’un outil de travail, d’information, de divertissement quotidien. Outil omniprésent certes mais souvent contraints par l’univers professionnel ou scolaire. Pour d’autres, elles peuvent être l’occasion de construire un projet ou de rester « en phase avec l’époque ». L’usage des technologies serait souvent ciblé, fait qu’on ne peut pas ignorer lorsqu’on analyse les usages d’Internet.

Quelques chiffres d’usage.

Taux et fréquences d’utilisation de l’ordinateur et d’Internet parmi les individus [2] :

Taux et fréquences d’usage EPCV 2005 - individus 15 ans et plus Credoc 2006 - individus 12 ans et plus
ORDINATEUR
Tous lieux - ont déjà utilisé 65% 60%
Ordinateur au domicile mais ne l’ayant jamais utilisé 3% 10%
lieu de travail (actifs) - utilisent 54% 46%
INTERNET
domicile (équipés) - utilisent 87% 90%
lieu de travail (actifs) - utilisent 36% 40%
Tous lieux - usage quotidien 26% 34%

Caractéristiques du barométre du Crédoc [3]

Les usagers de l’ordinateur.

Premier constat : selon l’enquête de l’INSEE, 65% des Français âgés de 15 ans et plus ont déjà utilisé un ordinateur mais 55% pourraient être définis comme réellement usagers. Ils l’ont utilisé par exemple le mois précédent l’enquête.

Deuxième constat : le comportement d’usage diffère toujours selon les caractéristiques socio-professionnelles.

Les graphiques suivants sont là pour nous rappeler que l’usage d’un individu de l’ordinateur dépend toujours très fortement :

 de l’âge : l’individu jeune, ayant grandi avec cet outil, a totalement inscrit cet usage dans sa vie quotidienne, ce n’est pas le cas des plus âgés

 de la catégorie socio-professionnelle : retraités, sûrement par manque d’intérêt, et parmi les actifs, agriculteurs et ouvriers, peut-être par manque de temps ou à cause d’une moins grande fréquentation de l’outil dans leur milieu professionnel, sont de moins grands consommateurs d’informatique,

 du niveau d’études : un individu est d’autant plus susceptible d’utiliser un ordinateur qu’il est instruit,

 du niveau de vie : plus l’individu est issu d’un ménage à faibles revenus, moins il appartiendra à un foyer équipé (cf. l’article sur le même site :L’équipement technologique des ménages français en 2006 : taux d’équipement, motivations et freins) et finalement moins il se servira d’un ordinateur, même si il n’est pas nécessaire d’être équipé pour utiliser. Cependant, il faut se garder de conclure trop rapidement à un lien de cause à effet : des études ont montré que les utilisateurs d’ordinateurs sont certes mieux payés, mais ils l’étaient déjà avant d’utiliser cette technique car ils avaient fait preuve par ailleurs de qualités appréciées.

Taux d’usagers dernier mois selon l’âge :

Taux d’usagers dernier mois selon la catégorie socio-professionnelle :

Taux d’usagers dernier mois selon le niveau d’études :

Taux d’usagers dernier mois selon le niveau de revenus du foyer :

Ces données croisées indiquent également que le genre reste très légèrement déterminant. Par contre le lieu d’habitation n’apparaît plus significatif si on souhaite modéliser la propension à utiliser un ordinateur « toutes choses égales par ailleurs ».

Taux d’usagers dernier mois selon le genre :

Taux d’usagers dernier mois selon la taille de l’unité urbaine d’implantation du logement :

Les lieux d’usage et la fréquence.

Le tableau suivant nous indique que, sans surprise, le domicile reste le lieu privilégié d’usage de l’ordinateur puisqu’il est adopté par 44% des français de 15 ans et plus.

Taux d’usagers dernier mois selon le lieu :

Domicile 44%
Lieu de travail 27%
Membres de la famille, amis, voisins 17%
Lieu d’études 7%
Autres lieux (cybercommunes, postes, bibliothèques ...) 5%

En allant plus loin dans les données, on se rend compte que ces lieux sont souvent complémentaires. Il n’y a, par exemple, qu’un quart des utilisateurs qui n’utilise qu’exclusivement à son domicile. La proportion monte à un sur deux quand on se cantonne au domicile et/ou lieu de travail exclusivement.

Répartition des usagers derniers mois selon les lieux d’usage :

Actifs et usage de l’ordinateur

3 actifs sur 4 (73%) sont des utilisateurs mais seulement un actif sur deux (57% plus exactement) se sert de l’informatique dans le cadre de son travail, ce qui est peu.

Taux d’usage (professionnel ou non) selon les différentes catégories d’actifs :

Si l’ordinateur est un outil incontournable pour certaines professions, son accès reste lié à des situations professionnelles plutôt favorisées. On note un taux de 87% d’utilisateurs « professionnels » pour les cadres / professions libérales tandis que ce taux tombe à 52% chez les employés, 39% chez les agriculteurs et 21% chez les ouvriers. Ce qui fait que ces derniers sont plus nombreux à profiter des autres lieux d’accès. L’utilisation plus faible que la moyenne de l’ordinateur dans les industries primaires, la fabrication et la construction, mise en relief dans l’article « Les PME bretonnes : leur équipement en technologies numériques, leurs usages et leurs attentes » ne fait que refléter ces tendances déjà observées au sein des professions.

En même temps, ces différentes catégories ont-elles réellement besoin de l’informatique pour exercer leur activité professionnelle de tous les jours ? Il est encore considéré comme normal que pour exercer certains métiers l’utilisation de l’ordinateur ne soit pas obligatoire (ouvriers non qualifiés (sur chaîne de production, du bâtiment ...), infirmiers, travailleurs sociaux, instituteurs ...). Les travailleurs nomades comme les routiers, les chauffeurs de bus, les ouvriers agricoles n’ont pas toujours non plus à portée de main un ordinateur !

Enfin, si âge du travailleur et professions sont des facteurs clés dans la fréquentation professionnelle d’un ordinateur, scolarité et revenus ont une puissance bien plus prédictives.

Mais gardons à l’esprit, et nous le démontrerons par la suite, que parmi la classe des « actifs utilisateurs professionnels », les conditions d’accès, de fréquentation et d’usages restent très variées.

Étudiants et usage de l’ordinateur.

Pour ce type de population les usages de l’informatique sont sérieusement ancrés, la quasi totalité des étudiants (94%) s’est servi d’un ordinateur dans le mois précédent l’enquête.

Cependant, la situation est radicalement différente sur leur lieu d’étude. Ils ne sont plus que 66% à l’utiliser. Est-ce dû à un problème d’accès (nombre d’ordinateurs disponibles, plages horaires) ? Un encadrement trop restrictif ? Une limitation des pratiques ? Un manque d’incitation ? Toutes ces raisons sont souvent évoquées. Cela peut venir aussi du terme « étudiants » dans l’enquête INSEE regroupant « étudiant(e), élève, en formation ou en stage non rémunéré » et donc pas forcément des étudiants au sens propre mais plutôt des lycéens.

Ces chiffres ne font que confirmer les résultats récents du CLEMI issus de leur enquête européenne en éducation aux médias (« l’utilisation d’Internet occupe une place marginale à l’école : 65% (des 12-18 ans français) déclarent ne jamais l’y utiliser »).

Facteurs influençant l’usage.

La diffusion des technologies dans le foyer

L’impact de l’équipement du domicile en ordinateur sur l’usage est évident. Question chiffres, la dernière enquête M@rsouin auprès de 2000 individus résidant en Bretagne (terrain en décembre 2006) nous le confirme. Ainsi :

 10% des gens qui n’ont pas d’ordinateur à domicile en ont utilisé un dans les 3 derniers mois,

 contre 89% chez ceux qui sont équipés.

La présence d’un ordinateur au domicile pousse l’ensemble des membres du ménage à l’utiliser (ils ne sont qu’entre 3 et 10% à ne pas utiliser un ordinateur qui est présent chez eux). Cela ne nous dit rien, rappelons-le, sur la fréquence d’utilisation, et nous amène à formuler deux hypothèses (pas forcement exclusives l’une de l’autre) sur le lien entre équipement et usage :

  la fréquentation de l’objet technologique pousse à l’utilisation ;

  l’acquisition de l’ordinateur n’a lieu que quand une part importante des membres du ménage a identifié un besoin.

Ce qui semble sûr, c’est que l’acquisition se fait pour répondre à un besoin, donc qu’elle est suivie d’une utilisation.

Les utilisateurs de l’informatique sont-ils susceptibles d’utiliser aussi d’autres produits à connotation technologique ? Utilisent-ils davantage ces produits que les réfractaires ?

Le tableau qui suit nous donne les liens entre divers produits. On y apprend , par exemple, que :

 83% des utilisateurs d’ordinateur utilisent aussi un téléphone mobile (donc plus que la moyenne qui est à 68%) et que 34% des non usagers du mobile ont néanmoins utilisé un ordinateur dans l’année,

 de même pour l’appareil photo numérique, 40% des non usagers de l’informatique font malgré tout des photos numériques ainsi que 70% des usagers de l’informatique.

La première colonne met en valeur des effets de cumul. La proportion d’utilisateurs de toute autre technologie est significativement supérieure à la moyenne pour les habitués de l’informatique. Ceci se vérifie même, quel que soit l’usage déclaré. Autrement dit l’usage d’un objet technologique semble pousser à la diversification des usages.

MOYENNE
% d’utilisateurs de la technologie parmi les usagers de l’ordinateur|% de non utilisateurs de la technologie qui sont cependant utilisateurs d’ordinateur
ordinateur (année) 63 * *
Internet (année) 57 90 14
téléphone mobile 68 83 34
lecteur DVD 76 90 26
console de jeu 22 30 57
système home cinéma 14 20 59
appareil photo numérique 53 70 40
lecteur de musique MP3 28 40 52
Camescope 29 35 57
décodeur TNT 27 33 58
GPS 7 9 62

Lecture : parmi les individus qui ont utilisé un ordinateur dans l’année, 83% ont utilisé un téléphone mobile, contre 68% en moyenne sur l’ensemble des bretons.

34% des non usagers du mobile ont néanmoins utilisé un ordinateur dans l’année.

Sources : enquête Résidentiels M@rsouin 2006

L’entourage et la présence d’enfants.

Le rôle du capital social [4] d’un individu sur l’usage, en plus de son capital technique, n’est plus a démontrer, les recherches tendent même à plutôt étudier l’impact inverse [5].

Le voisinage social (famille, amis, collègues, vie associative...) joue sur la décision d’adoption. Ainsi, par exemple, et comme le montre le graphique suivant, plus l’individu se sentira entouré de personnes déjà utilisatrices, plus il sera lui-même utilisateur ou aura des chances de le devenir.

Taux d’usagers 3 derniers mois selon l’usage d’Internet de l’entourage (enquête M@rsouin Résidentiels 2006) :

Le rôle des enfants n’est pas négligeable non plus et a déjà été démontré au niveau équipement dans l’article précédent. Au niveau usage, on note par exemple un taux de 45% d’utilisateurs parmi les gens qui n’ont pas d’enfants à domicile alors que ce taux est de 81% sinon. Il est vrai que les individus issus de foyer avec enfants remplissent plus facilement les caractéristiques socio-démographiques évoquées ci-dessus comme déterminant de l’usage. Néanmoins même si les chiffres ne sont pas là pour corroborer cette intuition, on peut penser que certains parents, certaines mères de famille ont franchi le cap de l’usage grâce à leurs enfants.

D’autres facteurs comme par exemple le manque de confiance en soi ou le manque de temps sont plus difficiles à vérifier par les chiffres. On note toutefois que usage de l’informatique et estimation du niveau de temps libre sont inversement proportionnés. Ainsi on note des taux d’utilisateurs de 40% chez les gens qui estiment avoir beaucoup de temps libre, 63% chez ceux qui en ont pas mal et 71% chez ceux qui en ont peu.

Quels usages de l’ordinateur ?

L’enquête de l’INSEE distingue les usages qui sont réalisés dans un but personnel (« privé »), ou dans le cadre du travail, sans qu’interviennent des notions de lieu (on peut avoir des usages privés sur le lieu professionnel, et vice-versa).

À première vue, aucune tâche, dans l’usage privé, n’atteint les 60% d’utilisateurs. L’ordinateur est un objet multi-utilisations, de la gestion/production d’information, à la console de jeu, depuis peu la retransmission d’objets multimédia. Comment cette multiplicité des tâches est répartie : est-ce que chaque utilisateur utilise plusieurs de ces tâches, ou, est-ce que, suivant les utilisateurs, les tâches sont différentes ?

Comparaison des usages privés et professionnels de l’ordinateur :

Usages privés de l’ordinateur (base : utilisateurs dernier mois, pas forcément à domicile). Usages professionnels de l’ordinateur (base : utilisateurs dernier mois, quel que soit le lieu).
Au moins un usage 80% Au moins un usage 98%
Taper et mettre en forme des documents 55% Taper et mettre en forme des documents 78%
Stocker, retoucher, imprimer, monter, visionner des photos, films 52% Se documenter, consulter des bases de données 63%
Se former, s’informer (consultation d’encyclopédie, cd-rom ...) 44% Faire de la saisie (chiffres, texte au km) 57%
Écouter de la musique 40% Faire des calculs, de la comptabilité 47%
Jouer 36% Gérer des stocks, passer des commandes 36%
Regarder de la vidéo (films, clips ...) 30% S’informer de l’actualité 35%
Tenir les dossiers du ménage 21% Gérer un calendrier de travail, ses RDV 32%
Avoir une activité artistique (animation, dessin, photo, musique) 18% Travailler à distance sur un même projet 24%
Programmer 8% Se former 21%
Faire des achats, des réservations|21%
Programmer|16%
Autre chose|16%

Nous avons établi des typologies des utilisateurs à partir de leurs usages, en travaillant d’une part sur les usages privés (les usages professionnels étant utilisés comme variables illustratives, n’intervenant pas dans la construction des classes), d’autre part sur les usages professionnels (avec les usages privés en variables illustratives).

 Typologie des utilisateurs de l’ordinateur par les usages privés (lien vers le document).

 Typologie des utilisateurs de l’ordinateur par les usages professionnels (lien vers le document).

Les usages d’Internet.

Fait attendu, presque tous les utilisateurs d’ordinateur sont aussi utilisateurs d’Internet. Cependant 11% ne sont pas dans ce cas. Il s’agit plutôt d’ouvriers, de ruraux alors que, plus l’individu sera jeune et/ou diplômé, plus il aura des chances d’utiliser les deux.

Avant de détailler les usages d’Internet, donnons quelques repères comme la fréquence et les lieux d’usage. Le domicile devance également les autres lieux. Un gros tiers (39%) de la population utilise Internet (tous lieux confondus) au moins une fois par semaine. 46% des individus interrogés dans l’EPCV ne l’ont jamais utilisé (selon le Crédoc on retrouve cette même proportion mais sur l’ensemble du public des 12 ans et plus).

Niveau d’usage et compétences.

Nombreux sont les usages auxquels « adhèrent » les internautes. Précisons avant tout le rôle de certains éléments comme le mode d’apprentissage de l’informatique, l’ancienneté dans la pratique, l’usage professionnel.

D’après les chiffres de l’enquête M@rsouin 2006, l’usage ou plutôt le niveau d’usage varie beaucoup d’un internaute à l’autre. On constate par exemple que parmi ceux qui sont venus à l’informatique avec l’aide de leur entourage, mais sans formation organisée (18% des internautes), 10% ne savent pas utiliser le courrier électronique. Cela, sans compter les 15% supplémentaires qui ne sont pas à l’aise, on arrive donc à la proportion d’un internaute sur quatre. L’utilisation d’un moteur de recherche leur poserait moins de problèmes ... mais cela ne signifie pas que les recherches menées sont efficaces, avec par exemple quelques bons mots clefs choisis.

Sur des tâches demandant des notions plus avancées du type visualisation de l’historique des pages Web visitées, création / mise à jour de site, la différence est encore plus flagrante. Les internautes formés par leur entourage sont beaucoup plus nombreux à ne pas savoir faire ou à savoir sans être vraiment à l’aise, que ceux qui ont découvert l’informatique au cours de leur scolarité / études ou même que les autodidactes.

Finalement, 23% des individus ayant déjà utilisé Internet se déclarent à l’aise, 16% ne rencontreraient pas de problèmes à l’usage de la messagerie et du moteur de recherche et les 61% restants ne seraient pas à l’aise.

L’effet temps (effet d’apprentissage) est important. On constate que plus l’internaute, et cette fois-ci quelle que soit sa formation de départ, utilise Internet depuis longtemps, plus il se déclarera à l’aise. Ceci est encore plus vrai si de plus, il l’utilise sur son lieu de travail au moins de façon hebdomadaire.

Types d’usages.

Étant donné que l’éventail d’usages d’Internet, il n’est guère possible de tous les passer en revue. Certains (souvent les plus répandus) font l’objet d’un suivi d’année en année, pour d’autres il ne s’agit que d’une prise en compte de nouveaux phénomènes.

Les nombreux usages seront présentés par grandes familles : la recherche d’informations / formation, la communication, le commerce, les loisirs, les relations avec l’administration. Sans surprise, on retrouve en tête le côté informationnel d’Internet et seulement ensuite la possibilité de communiquer et même de commercer [6].

Voici quelques taux observés à la fois dans l’enquête de l’INSEE et celle du Crédoc.

Taux d’adhésion pour différents usages d’Internet :

EPCV 2005 - internautes 15 ans et plus - usages dernier mois
Credoc 2006 - internautes 12 ans et plus - usages 12 derniers mois
Communication
Échanger des courriels 73% 79%
téléphoner via Internet (Skype) [médiamétrie 5%] 10% 12%
Loisirs, divertissements.
télécharger de la musique 32%
télécharger des films 16%
télécharger de la musique ou des films 31%
télécharger des logiciels 26% 35%
regarder la télévision 4% 9%
Ecouter la radio 21% 29%
Travail, formation
rechercher un emploi* 13% 28%
se former à distance* 2% 28%
Administration électronique
faire des démarches administratives ou fiscales 55% 49%
Commerce électronique
Achat en ligne 34% 47%

Les différences de taux observées peuvent provenir à la fois de la différence de population enquêtée (15 ans et plus / 12 ans et plus) et de la différence de période de référence pour l’usage d’Internet (denier mois / 12 deniers mois). Ainsi, les chiffres du Credoc sont supérieurs pour tout ce qui touche à la communication, aux loisirs, au travail. Il faut dire que ce public plus jeune aura plus de chances de se trouver en situation de formation à distance, voire de recherche d’emploi, d’autant plus que cette situation peut remonter à plus longtemps. Quant aux démarches administratives ou fiscales, il apparaît normal de trouver une proportion moindre, ce n’est qu’une moyenne et les internautes de la tranche 12-15 ans la font baisser.

Voici aussi l’ensemble des usages auxquels ont répondu les individus dans l’enquête EPCV :

Taux d’adhésion pour les usages privés d’Internet (base : utilisateurs dernier mois) :

RECHERCHER DES INFORMATIONS, SE FORMER 80%
Chercher des informations sur des biens et des services (horaires de transport, météo, catalogues en ligne) 77%
Faire de la recherche documentaire (scientifique, culturelle ou technique) 68%
Organiser des vacances, un week-end (hébergement, transport ...) 33%
Rechercher des informations sur la santé, la maladie ou la diététique 28%
Télécharger des logiciels ou des programmes 26%
Rechercher un emploi ou postuler à un emploi 13%
Suivre une formation en ligne 2%
Prendre contact avec un médecin ou un autre professionnel de la santé 2%
COMMUNIQUER 73%
Envoyer et recevoir des mails 73%
Communiquer à l’aide d’une messagerie instantanée (MSN Messenger) 33%
"Participer à des ""chats"" ou à des forums de discussion" 18%
Téléphoner (Skype, MSN ...) 10%
COMMERCER 73%
Accéder à votre compte bancaire 39%
Acheter ou commander des biens ou services (hors services bancaires) 34%
Payer vos factures (EDF/GDF, France Télécom ...) 6%
Acheter des actions ou des valeurs boursières 3%
POUR LES LOISIRS 67%
Envoyer ou recevoir vos photos ou vos films par Internet 35%
Écouter, voir ou télécharger de la musique ou des films 31%
Écouter la radio 21%
Jouer ou télécharger des jeux 20%
Lire ou télécharger des journaux ou des magazines 20%
Visiter en ligne un musée, une galerie ou une exposition 12%
Regarder la télévision 4%
DANS LES RELATIONS AVEC L’ADMINISTRATION 55%
Obtenir des informations administratives ou des formulaires 52%
Télécharger des documents administratifs 31%
Remplir en ligne ou envoyer par Internet des formulaires administratifs 25%

Il nous semble intéressant de compléter ces usages par d’autres mesurés dans l’enquête M@rsouin (attention rappelons que le terrain a eu lieu un an plus tard que celui de l’EPCV) .

Le moteur de recherche y apparaît comme un élément indispensable de l’internaute (avec 92%). Presque un internaute sur deux déclare lire ou télécharger l’actualité sur Internet (43%). La fréquen-tation par de plus en plus d’internautes des sites d’enchères en ligne y est démontrée (un internaute sur trois). Le phénomène des blogs aussi avec un internaute sur cinq qui en consulte et 7% qui ont leur propre blog, soit 4% de la population totale des 15 ans et plus. De même pour le développement du e-commerce avec 58% d’internautes qui commandent en ligne. 55% sont déjà allés dans les 12 derniers mois jusqu’à réaliser l’acte d’achat en ligne en donnant leur numéro de carte bleue en ligne.

Usages complémentaires (enquête M@rsouin)
Base : internautes 3 derniers mois
Utiliser un moteur de recherche (Google, Yahoo ...) 92%
Aller sur des sites de rencontre en ligne 4%
Aller sur des blogs ou wiki 21%
Lire ou télécharger l’actualité 43%
Aller sur des sites de jeux en réseau (type warcraft, counter strike) 5%
Aller sur des sites de partage de musique ou de films (peer to peer, Kazaa, Emule ...) 12%
Aller sur des sites d’enchères en ligne (type Ebay) 33%
Vendre des biens ou services (site genre Ebay) 9%
Faire développer des photos en ligne 14%
Commander des produits ou services dans le cadre privé (Billets SNCF, hôtels, CD, livres ...) 58%
Payer un achat en ligne (vous avez donné votre numéro de carte bleue en ligne) 55%

Facteurs d’influence du nombre d’usages.

Nous avons évoqué la fréquence d’usage d’Internet, les lieux d’usage et les usages eux-mêmes. Il est intéressant, aussi, de s’attacher au nombre d’usages qu’un individu développe. Ce dernier est relativement faible : les internautes « adhérent » en moyenne à 7 usages différents, ce qui fait une moyenne de 3.3 sur l’ensemble de la population (donc en comptant ceux qui n’en ont aucun). Seuls un quart des internautes développe un usage comprenant toutes les grandes familles évoquées ci-dessus.

Entrent en ligne de compte dans cette diversification des usages des critères socio-démographiques (en particulier la catégorie socio-professionnelle et le niveau d’éducation) et des notions de profil d’internaute (compétences, lieux d’usage, niveau de débit de la connexion domicile...).

lien vers le tableau

Typologie des usage(r)s d’Internet.

Grâce aux techniques statistiques d’analyse des données, il est possible de classer / discriminer les individus ayant répondu à l’enquête selon leurs usages d’Internet. Pour cette analyse, nous nous sommes seulement basé sur les individus qui ont utilisé Internet durant le dernier mois, et ce, quelque soit le lieu d’utilisation. Les classes obtenues se distinguent essentiellement par la variété et surtout le cumul ou non d’usages développés autour d’Internet. Ce cumul est très lié aux compétences de l’individu, à son niveau de vie et d’instruction, sa catégorie socioprofessionnelle et son âge. Nous allons voir que les facteurs ancienneté d’usage d’Internet et lieu jouent aussi leur rôle.

(lien vers le document)


En guise de conclusion, l’âge reste le déterminant primordial de l’usage et pour reprendre la fameuse dichotomie de Marc Prensky, les enfants, adolescents et jeunes adultes sont des « digital natives », tandis que les personnes plus âgées ne sont que des « digital immigrants ».

Notons aussi qu’il y a autant d’appropriations que d’usages, que l’usage stratégique n’est pas celui de l’outil mais de l’information. D’où la nécessité d’observer, en plus de l’ensemble des individus, des groupes sociaux comme les actifs, les étudiants ... mais aussi par exemple le monde associatif et la puissance sociale reliée.

Enfin, nous souhaiterions rappeler que l’approche quantitative de la diffusion des technologies par des statistiques d’usages ébauchée dans cet article ne constitue qu’un des éléments de l’étude de l’usage. Selon Serge Proulx [7] , cette dernière passe nécessairement par « des approches ethnographiques descriptives, des expérimentations avec des prototypes, de études de prospective : scénarios d’anticipation des usages - exploration de l’imaginaire des usagers et enfin l’étude de l’innovation par l’usage : innovations ascendantes ou horizontales ».

Notes

[1enquête menée par l’INSEE auprès d’un échantillon de plus de 5 000 ménages représentatifs de l’ensemble des ménages de France métropolitaine. En dehors de la partie fixe « Vie sociale » décrivant l’environnement de travail, la formation, les contacts sociaux, l’éducation, la pratique religieuse et associative, les loisirs, la santé des 15 ans ou plus, on y trouve des questions sur leur équipement à domicile, leur opinion sur les technologies, leurs pratiques individuelles et professionnelles du téléphone portable et de l’informatique, leurs compétences et modes d’apprentissage de l’informatique. Certaines des informations issues de cette enquête vont alimenter, pour la France, les indicateurs européens sur les TIC et la société de l’information.

[2Attention : populations différentes (12 et plus et 15 et plus) d’où chiffres Crédoc supérieurs, hormis le taux d’actifs utilisant Internet sur leur lieu de travail (mesuré sur les actifs travaillant actuellement pour l’EPCV , peut-être pas le cas pour Crédoc ?)

[3Ce baromètre apporte un éclairage sur les équipements et offre des informations sur les nouveaux usages d’Internet et de l’ordinateur, les nouveaux services disponibles sur le téléphone mobile. Environ 2000 personnes y ont répondu en face à face. voir le rapport

[4Le capital social selon Bourdieu peut être défini comme « le réseau de relations personnelles qu’un individu peut mobiliser quand il en a besoin ».

[5Voir par exemple sur le site de M@rsouin l’article « Usage d’Internet et investissement en capital social » de Thierry Pénard et Nicolas Poussing

[6les usages d’Internet ne sont perçus dans l’enquête que d’un point de vue privé. On peut simplement ajouter que 32% des individus en situation professionnelle ont utilisé au cours du dernier mois une messagerie pour des besoins professionnels.

[7Professeur à l’École des médias, Université du Québec à Montréal (UQAM). Directeur du Groupe de recherche sur les usages et cultures médiatiques (GRM) et du Laboratoire de communication médiatisée par ordinateur (LabCMO). Auteur d’une douzaine d’ouvrages et d’une centaine d’articles scientifiques concernant les médias, les technologies et la communication.

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