L’équipement technologique des ménages français en 2006 : taux d’équipement, motivations et freins Un aperçu à travers différentes enquêtes nationales.

, par Jocelyne Trémenbert, Nicolas Jullien

Le présent article relate l’état d’équipement technologique des ménages français en 2006 (téléphone mobile, ordinateur et Internet). Nous comparons différentes sources nationales.

Ensuite, à travers l’exploitation de l’enquête INSEE 2005 sur les conditions de vie des ménages, nous détaillons l’équipement informatique avec en particulier la place du portable, le recours aux professionnels au moment de l’achat et de la réparation, les différents types de connexion Internet, la satisfaction et les motivations du public ainsi que les foyers ayant déjà opté pour des forfaits téléphone illimité.

Enfin, dans une troisième partie, il s’agira d’identifier les facteurs explicatifs de l’appropriation de ces technologies, travail qui nous le verrons est nécessairement couplé avec l’analyse des freins à l’équipement. On y abordera le cas des foyers sans ordinateur, sans Internet mais aussi n’ayant pas, ou plus, de ligne téléphonique fixe.

L’accès aux produits technologiques

De nombreuses enquêtes s’intéressent à l’équipement des foyers français en matière de technologies et à l’usage que font les français de ces dernières. Certaines études ne font l’objet que d’un questionnement à un moment précis, comme par exemple, le volet sur les français et Internet dans « Les enjeux du quotidien » que TNS Sofrès a mené pour l’EPIQ en septembre 2006. D’autres prennent la forme de baromètres, régionaux ou non, souvent annuels. Comme figures de référence nationale, nous conserverons :

  le « Baromètre Multimédia » de Médiamétrie

 [1]

  le baromètre de « La diffusion des technologies de l’information dans la société française » du Crédoc

 [2]

  l’Étude Permanente sur les Conditions de Vie des ménages (EPCV) de l’INSEE

 [3]

  l’Observatoire Sociétal du téléphone mobile de TNS Sofres

 [4].

Le tableau suivant résume les différents taux d’équipement d’un certain nombre de biens (que ce soit au domicile ou en situation professionnelle) selon ces différentes sources.

EPCV 2005 - Redressement individus 15+ Credoc 2006 - Redressement Individus 18+ EPCV 2005 - redressement foyers Médiamétrie 2005 - redressement foyers
Équipement du domicile
ligne fixe 88% 83% 86%
téléphone mobile 72% 74% 74%
Ordinateur(s) 58% 57% 50% 49%
plusieurs ordinateurs 16% 12% 13%
accès Internet 43% 43% 37% 38%
Intentions positives (12 prochains mois) * 22% *
haut débit (en % des accès Internet) 74% 75% 72% 78%
triplay 14% 17% 12%
télévision 98% 98% 97%
dont par antenne classique 72% 77% 74%
par satellite 31% 25% 26%
par câble 12% 13% 12%
par TNT 1% 10% 1% 10%
Par réseau téléphonique 1% 7% 1%
Équipement professionnel (base actifs + étudiants)
Ordinateur sur lieu de travail / études 56% 48%
Internet sur lieu de travail / études 55% 45% (actifs seulement)

(* information mesurée uniquement sous conditions (baisse des prix ...) et impossibilité d’en sortir un indicateur agrégé)

On constate que ces enquêtes retrouvent sensiblement les mêmes taux d’équipement sur une même population (soit individus, soit foyers), surtout si l’on tient compte de l’incertitude statistique (ou marge d’erreur). Cela fait d’autant plus ressortir les deux succès d’équipement de l’année 2006 : le succès fulgurant de la TNT, et la diffusion des offres de télévision par ADSL.

Comme le signale le CREDOC dans son étude, la population n’est pas répartie de façon homogène dans les foyers (plus de jeunes dans les foyers de grande taille, plus de retraités dans les petits foyers ). Les chiffres d’équipement des foyers sont donc plus faibles que ceux des individus, pour les technologies les plus nouvelles, reflétant le fait que les retraités sont souvent moins utilisateurs.

Poids de chaque CSP dans la population française (ménages et individus) :

Représentativité des ménages Représentativité des individus
CSP du chef de famille CSP de l’individu
Agriculteurs 1,6% 1,3%
Artisans, commerçants 5,0% 3,5%
Cadres, profs intellectuelles 9,6% 6,6%
Profs intermédiaires 14,1% 12,0%
Employés 11,50% 16,2%
Ouvriers 19,40% 14,7%
Retraités 30,00% 22,1%
Autres inactifs 8,8% 23,6%

Considérant que c’est la plupart du temps le ménage qui s’équipe et l’individu qui choisit d’utiliser, nous préférons la représentativité foyers pour les notions d’équipement et la représentativité individus pour les mesures d’usage. Dans ce document, nous présentons nos analyses sur l’équipement des ménages.

La suite de cet article va s’attacher à détailler l’équipement des ménages. Pour ce faire, nous nous servirons des données de l’enquête EPCV (ou Enquête Permanente sur les Conditions de Vie) de 2005 de l’Insee.

Caractéristiques de l’enquête EPCV de 2005
4 ans après un précédent essai, l’INSEE a réintégré dans son questionnaire d’octobre 2005 un volet sur les technologies. Certaines des informations issues de cette enquête vont alimenter, pour la France, les indicateurs européens sur les TIC et la société de l’information. En dehors de la partie fixe « Vie sociale » décrivant l’environnement de travail, la formation, les contacts sociaux, l’éducation, la pratique religieuse et associative, les loisirs, la santé des 15 ans ou plus, on y trouve des questions sur leur équipement à domicile, leur opinion sur les technologies, leurs pratiques individuelles et professionnelles du téléphone portable et de l’informatique, leurs compétences et modes d’apprentissage de l’informatique.

_ L’enquête est assez complète et même si les résultats sont relativement anciens (fin 2005), les évolutions sont, finalement, assez lentes et c’est un bon support d’analyse des liens entre équipements, usages, individus et ménages.

_ 5603 ménages ont été interrogés provenant de toute la France.

Nous serons de temps en temps amenés à compléter les informations par l’enquête M@rsouin 2006. Réalisée par téléphone (donc ne prenant pas en compte les « xclus du fixe », c’est son principal défaut), au cours des mois de novembre et décembre 2006, juste avant les fêtes, comme chaque année auprès d’environ 2000 foyers bretons (implantés en Bretagne, sans considération d’origine),

sa spécificité, par rapport aux enquêtes précédemment citées, réside dans la prise en compte d’autres facteurs comme l’environnement technologique, le comportement de l’entourage ou même son rôle (« les connectés par intermédiaires »). Ces informations comme nous le verrons par la suite vont nous aider à expliquer un comportement, ou qualifier des intuitions sur les moteurs de l’équipement ou de l’usage.

Par exemple, elle mesure la pénétration d’autres matériels numériques. Et autant les taux pour les caméscopes ou consoles de jeux n’ont guère évolué sur les 2 dernières années, autant on assiste à un boom pour d’autres : les lecteurs de musi-que MP3 avec une hausse de 220%, les appareils photos numériques (90% de hausse), les DVD (40% de hausse).

Taux d’équipement en matériels numériques :

M@rsouin 2006 (foyers)
Lecteur DVD 71%
Console de jeu (non portable) 25%
Système home cinéma 12%
Appareil photo numérique 48%
Lecteur de musique MP3 26%
Caméscope 27%
Décodeur TNT 25%
GPS 6%

Les détails de l’équipement technologique des foyers

I. L’informatique.

Pour la première fois, la moitié des ménages est équipée en ordinateur (50% selon l’EPCV), avec un fort investissement ces dernières années (11% se sont équipés il y a moins d’un an).

Ceci étant, cela ne veut pas dire que c’est devenu un produit de consommation courante, ni que les ménages renouvellent régulièrement leurs équipements (nous n’avons pas d’informations sur ce point), même s’ils semblent globalement satisfaits du fonctionnement de la machine.

Détails sur les ordinateurs possédés par les ménages (EPCV 2005).

Quant à l’ordinateur portable, équipement considéré comme plus cher, il est encore peu présent dans les foyers avec une pénétration de l’ordre de 25% des foyers informatisés. Surtout que cet équipement vient souvent en complément d’un ordinateur fixe (60% des cas). Cette situation de mobilité est plutôt réservée à des foyers « jeunes » (chef de famille souvent âgé de moins de 30 ans), installés dans des grandes villes, à revenus plutôt élevés. Alors que 14% des foyers ont un ordinateur portable, 40% des foyers de cadres en ont déjà.

Seulement 13% des foyers ont plusieurs ordinateurs. Ces derniers présentent les caractéristiques qui viennent d’être évoquées pour la possession d’ordinateur portable et en plus un nombre de personnes élevé.

L’informatique reste un objet peu sûr, même si il fonctionne "bien" en moyenne, puisque 43% des possesseurs disent avoir rencontré « une panne ou un problème important nécessitant de formater le disque dur, de réinstaller le système d’exploitation ou de changer un matériel » (dont 76% au cours des 12 derniers mois).

Cela reste aussi un objet à part pour les modes de réparation, qui font toujours essentiellement appel à l’expertise privée, dans le ménage ou dans son entourage proche. Le recours à un professionnel resterait-il une démarche minoritaire, réservée aux cas les plus graves ?

L’enquête M@rsouin (résidents en Bretagne) apporte même un éclairage plus précis : la chaîne de réparation n’aboutit que rarement chez les professionnels.

78% des ménages équipés essaient de résoudre le problème dans un premier temps eux-mêmes.

Si toutefois ce problème ne peut pas être résolu en interne :

  65% font appel à l’aide d’un proche, puis ne savent pas (à 66%) vers qui se tourner ou de-mandent de nouveau à un autre proche,

  13% se tournent directement vers l’entreprise ou le magasin d’où provient l’ordinateur,

  7% vers une autre entreprise ou association,

  15% ne savent que faire.

Notons que l’ordinateur est un bien renouvelable. S’il n’est pas réparé, il est sûrement remplacé (avec souvent de nouvelles versions des systèmes d’exploitation et logiciels) car les foyers qui ont abandonné l’informatique sont très rares (1%). Et c’est plus souvent le départ des enfants du foyer, plutôt qu’une mauvaise expérience qui est à l’origine de cet abandon.

En amont du processus, au moment de l’achat, les foyers ne se tournent pas automatiquement vers des lieux spécialisés. Les magasins généralistes type Leclerc, Carrefour, Auchan arrivent en premier avec 36% de foyers qui disent y avoir acheté leur dernier ordinateur, tandis que les assembleurs, commerces spécialisés ou même grandes surfaces spécialisées ne sont évoqués que par 20% chacun. L’ordinateur est rarement acheté en ligne (4%). Le reste inclut les cas où l’ordinateur est fourni par l’entreprise d’un des membres du foyer, ou offert.

L’enquête M@rsouin nous apprend aussi que l’ordinateur est un produit technologique parmi d’autres. Les foyers qui ont (au moins) un ordinateur sont davantage technophiles que les autres. Comme le montre le tableau suivant, ils sont plus équipés que la moyenne en appareils photos nu-mériques, en téléphones mobiles, en lecteurs DVD...

Comparaison des taux d’équipement en matériels numériques :

Ensemble des foyers Ensemble des foyers équipés d’au moins un ordinateur
téléphone mobile 71% 92%
Lecteur DVD 71% 88%
Console de jeu (non portable) 25% 36%
Système home cinéma 12% 19%
Appareil photo numérique 48% 72%
Lecteur de musique MP3 26% 43%
Caméscope 27% 36%
Décodeur TNT 25% 33%
GPS 6% 9%
Internet 47% 84%

II. L’accès à Internet.

Le lien entre ordinateur et Internet est fort. L’ordinateur est toujours une condition nécessaire (les autres modes d’accès, à part le téléphone mobile, et souvent en complément, sont négligeables), mais pas suffisante de l’accès : seulement 36% des ménages ont une connexion, presque toujours permanente (27%), ce qui est la nouveauté de ces deux dernières années. C’est encore plus vrai quand les foyers ont plusieurs ordinateurs : 89% des foyers ayant plusieurs ordinateurs ont Internet et 70% ont du haut débit !

Caractéristiques de l’accès Internet (EPCV 2005) :

Type de connexion choisie (sur les 36% de ménages possédant une connexion) :

Enfin, il y a aussi un lien net entre la technophile informatique et la possession d’un téléphone mobile :

Taux de foyers équipés d’un téléphone mobile :

Ensemble des foyers 74%
Foyers ayant opté pour la téléphonie sur IP 95%
Foyers ayant un accès haut débit 95%
Foyers ayant Internet 93%
Foyers n’ayant pas de ligne fixe 91%

Par contre, l’inverse n’est pas vrai (ou en tout cas pas aussi flagrant) :

Comparaison équipement ménages et ménages avec mobiles :

Moyenne des ménages Parmi les ménages avec mobile
Connexion à Internet 37% 46%
Accès haut débit 26% 33%
Téléphonie sur IP 11% 14%

Selon l’enquête M@rsouin, 85% des foyers possédant un accès Internet en seraient satisfaits. En effet, 52% se déclarent tout à fait d’accord pour dire qu’elle est de bonne qualité, 33% sont assez d’accord. Notons qu’il en est aussi de même pour la qualité du son en cas de couplage Internet / téléphone ou de la diffusion des programmes de télévision, couplage Internet / télévision.

Quant aux motivations de connexion, c’est avant tout pour des besoins privés, puis pour garder contact avec des proches, éduquer les enfants, les besoins professionnels et enfin seule-ment pour le téléphone illimité.

Si une connexion via un modem classique ne suffit pas à 56% des foyers qui ont ce type d’accès Internet, 36% déclarent qu’il n’est pas disponible dans leur localité, autant (36%) que le haut débit est trop cher, 14% que leur ordinateur est trop vieux.

L’accès ADSL.

L’accès ADSL est un accès particulier. En effet, il semble qu’il y ait en même temps un effet de technophilie et un effet d’équipement : ce sont ceux qui sont connectés à Internet depuis le plus longtemps... et depuis le moins longtemps qui sont les plus connectés.

Parts de foyers connectés à l’ADSL/utilisant la téléphonie IP selon l’ancienneté de l’accès Internet :

On peut imaginer les mêmes comportements que pour l’ordinateur : une part de la population suit les offres technologiques, une autre part est très en retard et profite donc des progrès technologiques dus au retard d’équipement.

Le cas des foyers ayant opté pour la téléphonie sur IP.

30% des gens ayant Internet ont opté pour la téléphonie sur IP. Presque 11% des foyers seraient dans ce cas, que ce soit sous forme d’un forfait double play « Internet / Téléphone » (8%) ou d’un triple play « Internet / Télévision / Téléphone » (3%).

Un simple test d’indépendance (ou du Khi2) permet de déterminer que cette situation n’est pas indépendante de la nature du foyer. En effet, les caractéristiques de ce dernier conditionnent le choix : 11% ont une offre couplée, mais la proportion observée parmi les « foyers jeunes » par exemple, ou encore les « foyers aisés », les « foyers monoparentaux »... n’est pas du tout la même.

Ensuite, on peut examiner de façon simultanée les caractéristiques du foyer tout en les contrôlant les unes par rapport aux autres, soit une situation « toutes choses égales par ailleurs ». Ceci se fait à travers la recherche de modélisation, selon une régression logistique, de la probabilité qu’un foyer ait opté pour un tel forfait [5].

En guise de résultats, on note le rôle toujours significatif de toutes les variables (certaines plus que d’autres, comme la localisation, l’âge du chef de famille, la taille du foyer) mais surtout la non influence directe des moyens financiers.

Constatons qu’on retrouve les mêmes caractéristiques que pour la diffusion d’Internet : les citadins, les jeunes, les foyers avec enfant, les hauts diplômes sont précurseurs. Ce sont des caractéristiques qu’on retrouve dans presque toutes les diffusions technologiques.

Comparaison des taux de diffusion d’Internet et de la téléphonie sur IP :

Il semble bien que ces offres soient perçues comme une nouvelle technologie et non pas comme une façon de réduire les coûts téléphoniques, ce qui est confirmé par l’absence d’effet revenus.

 Une plus forte pénétration en Région parisienne.

Un foyer localisé en agglomération Parisienne a environ 3,7 fois plus de chances d’avoir un forfait illimité par rapport à un foyer en zone rurale.

Taux de foyers avec forfait téléphone illimité selon la localisation :

Moyenne 11%
Rural 6%
Unité urbaine de moins de 10 000 habitants 8%
Unité urbaine de 10 000 à 49 999 habitants 10%
Unité urbaine de 50 000 à 199 999 habitants 9%
Unité urbaine de 200 000 à 1 999 999 habitants 14%
Agglomération de Paris 20%

Rural : peut-être que les foyers y considèrent l’accès haut débit incertain ou tout simplement parce que certains n’y ont pas accès du tout, en tout cas accès aux offres dégroupées.

Paris : peut-être par historique première zone dégroupée, effet socio-démographique aussi (personnes plus jeunes) ?

En limitant notre analyse aux agglomérations de plus de 100.000 habitants (limitant le facteur du non-accès), on retrouve l’avance de l’agglo parisienne, même si elle est moins forte : 1,7 fois plus de chances que les 100.000 à 200.000 habitants.

  Les « foyers jeunes » les plus intéressés.

Un foyer dont le chef de famille a moins de 30 ans a environ 3 fois plus de chances par rapport à un foyer dont le chef de famille a 60 ans et plus (2 fois pour un chef de famille âgé de 30 à 44 ans ou de 45 à 59 ans).

Taux de foyers avec forfait téléphone illimité selon l’âge du chef de famille :

Près de 18% des « foyers de jeunes », chef de famille de moins de 30 ans ou même de moins de 45 ans, ont un abonnement haut débit avec accès Internet et téléphonie sur IP, très peu de foyers « plus âgés ».

Lien fort entre âge et équipement Internet et hypothèse : les populations âgées téléphonent moins que la moyenne et donc avoir un forfait de téléphone illimité présente moins d’intérêt. Pourtant, en terme de marché, les foyers plus âgés représentent un tiers de l’ensemble des foyers.

  L’influence de la composition du foyer.

Taille du foyer et voix sur IP sont corrélées positivement (voir tableau suivant), surtout lorsqu’il s’agit d’enfants.

Taille du ménage et téléphone IP :

  Catégorie socioprofessionnelle et niveau d’éducation.

La catégorie socioprofessionnelle est aussi un facteur discriminant, mais moins que l’âge ou la com-position du foyer. En effet, les foyers où le chef de famille est cadre ou profession libérale n’ont « que » 2,4 fois plus de chances d’avoir un téléphone IP que les foyers « retraité » (2 fois pour artisan / chef d’entreprise ou même profession intermédiaire).

Le diplôme ressort plus, avec 3 fois moins de chances pour un diplômé du brevet des collèges qu’un bac +4 et plus.

  Pas d’effet revenus.

Même s’il y a des différences entre les différents quartiles (tableau suivant), toutes choses égales par ailleurs, il n’y a pas d’effet revenus : pour deux foyers dont les chefs de famille ont le même niveau de diplôme, même si les revenus du foyer sont très différents, la probabilité d’utiliser (ou pas) la téléphonie IP sera la même.

Pénétration selon la tranche de revenus :

Moyenne 11%
1er quartile (revenus —) 7%
2ème quartile (revenus -) 9%
3ème quartile (revenus +) 12%
4ème quartile (revenus ++) 17%

Le non-équipement en produits technologiques.

I. La téléphonie.

Répartition des foyers :

équipé d’un téléphone mobile uniquement 13%
équipé d’un téléphone fixe et d’un téléphone mo-bile 62%
équipé d’un téléphone fixe uniquement 24%
aucun téléphone (ni fixe, ni mobile) 1%

Les foyers sans téléphone mobile : 26% des foyers

Les facteurs les plus déterminants de l’équipement du foyer en téléphonie mobile sont l’âge du chef de famille, la présence d’enfants et les revenus.

Ainsi, par exemple,

 un foyer dont le chef de famille a moins de 30 ans a 36 fois plus de chances d’être équipé qu’un foyer dont le chef de famille a 60 ans et plus (5 fois plus pour les 30-44 ans, 3,7 fois plus pour les 45-59 ans),

  un foyer avec un enfants a 3 fois plus de chances d’être équipé qu’un foyer sans enfant. Cette proportion grandit même avec le nombre d’enfants : 3,2 fois plus de chances pour un foyer avec 2 enfants, 3,7 pour 3 enfants, 6,3 pour 4 enfants et plus (On peut émettre l’hypothèse que plus il y a d’enfants, plus forte est la possibilité de trouver des enfants en âge d’être équipés).

 un foyer avec des revenus importants (4ème quartile) a 4,2 fois plus de chances d’être équipé qu’un foyer avec peu de revenus (2,2 pour le 3ème quartile, 1,4 pour le 2ème).

Remarque : les foyers dont le chef de famille est agriculteur sont de loin les moins équipés en téléphonie mobile (parmi les actifs) : 22% de non équipés alors que par exemple, pour un foyer d’ouvrier la proportion est de 11%. Il en est de même pour les foyers en milieu rural (32% et par exemple 17% pour les foyers en agglomération parisienne). Est-ce dû simplement à un problème de zone de couverture ?

Les foyers n’ayant pas de ligne fixe : 14% des foyers.

Rappelons d’abord que ce ne sont pas des foyers sans téléphone. Seulement 1% sont dans ce cas là. Ce sont des foyers qui n’ont qu’un téléphone mobile.

Nous allons voir que ces foyers « utilisateurs de portables exclusifs » présentent à la fois des caractéristiques socio-démographiques et des comportements spécifiques (point 1). Des critères tels que l’âge, la catégorie socio-professionnelle et la composition du foyer sont particulièrement importants. Les exclusifs du mobile sont plutôt jeunes, plutôt CSP- et font davantage partie de foyers ne comportant qu’une personne ou monoparentaux.

Quant à l’équipement technologique (point 2), il diffère aussi, et ce pour des raisons de coûts.

 Le rôle primordial de l’âge.

Un foyer dont le chef de famille à moins de 30 ans a environ 42 fois plus de chances de ne pas avoir de ligne fixe par rapport à un foyer dont le chef de famille a 60 ans et plus (12 fois pour un chef de famille âgé de 30 à 44 ans, 6 fois pour 45 à 59 ans).

Taux de foyer sans ligne fixe, selon les tranches d’âge (du chef de famille) :

44% des foyers de jeunes (chef de famille de moins de 30 ans) n’ont plus, ou plutôt pas, de li-gne fixe alors que les foyers de seniors restent bien équipés.

Parmi ces derniers rares sont ceux qui ont substitué un téléphone mobile à leur téléphone fixe. Les explications avancées sont variées, au delà de l’absence de besoin d’utiliser un téléphone mobile (souvent pour des questions de sédentarité), qui tiennent souvent à l’âge de ces personnes : elles estiment qu’elles ne sauraient pas s’en servir (rapport à la technologie) ou rencontreraient des problè-mes d’utilisation (audition, vue, taille des touches...)

Le graphique suivant nous rappelle toutefois que, même si les foyers jeunes sont sur-représentés dans les foyers sans téléphone fixe, ils ne représentent qu’un tiers de l’ensemble (32%).

Répartition des foyers-répartition de foyers sans fixe

selon l’âge du chef de famille :

 L’influence contradictoire de la présence d’enfants.

Un foyer sans enfants a 3,7 fois plus de chances de ne pas avoir de ligne de téléphone fixe qu’un foyer avec au moins un enfant. Cependant, en affinant le type de foyer, on constate qu’on a 3,1 fois plus de chances que le ménage « exclus du fixe » soit de type « famille monoparentale » plutôt qu’une personne seule, sûrement parce que dans les personnes seules sont aussi comptabilisés les retraités. Avec 7 points d’écart à la moyenne, les familles monoparentales apparaissent comme cel-les qui ont le plus recours au téléphone mobile plutôt qu’au téléphone fixe.

Écarts à la moyenne selon la composition du foyer (en point de pourcentage) :

Globalement, on peut émettre l’hypothèse que la ligne fixe est rattachée au fait qu’il y ait plus d’un adulte au foyer, surtout dans les tranches les plus jeunes. Mais on peut aussi estimer qu’en plus d’un effet jeunesse, il y ait un effet revenus, que la ligne fixe fasse partie du superflu.

 La localisation n’intervient pas.

Enfin, que l’on habite en Région parisienne, dans une grande ville de province, dans un bourg ou en milieu rural, il n’y a aucune différence significative dans le désintérêt pour la ligne fixe.

Taux de foyers sans fixe selon la localisation :

Moyenne 13%
Rural 9%
Unité urbaine de moins de 5 000 habitants 11%
Unité urbaine de 5 000 à 9 999 habitants 12%
Unité urbaine de 10 000 à 19 999 habitants 10%
Unité urbaine de 20 000 à 49 999 habitants 16%
Unité urbaine de 50 000 à 99 999 habitants 14%
Unité urbaine de 100 000 à 199 999 habitants 16%
Unité urbaine de 200 000 à 1 999999 habitants 16%
Agglomération de Paris 10%

 Le rôle attendu des revenus.

Les questions de revenus expliquent évidemment un tel comportement. Ainsi, un foyer dans le premier quartile (c’est-à-dire faisant partie des 25% de foyers aux revenus les plus faibles) a 2,2 fois plus de chances qu’un foyer du quatrième quartile (foyer aisés) de ne pas avoir de ligne fixe. Ils seraient 20% à ne pas en avoir dans ce premier quartile.

Répartition de foyers sans fixe selon la tranche de revenus :

Les foyers où le chef de famille est inactif ont par exemple 2,6 fois plus de chances de ne pas avoir de ligne fixe plutôt qu’un foyer de cadre. Fait saillant, cette proportion est aussi forte pour les foyers d’ouvriers (3 fois plus de chances) et ceux d’employés (2 fois plus). Par contre, que l’on soit au domicile d’agriculteurs ou de cadres, la probabilité est quasiment la même de ne pas trouver de li-gne fixe.... mais peut-être pas pour les mêmes raisons. Les agriculteurs pourraient être peu enclins à abandonner une ligne fixe pour des problèmes d’insuffisance de couverture du réseau tandis que les cadres auraient les moyens de payer plusieurs abonnements.

Par contre, comme le montre le graphique suivant, le niveau de diplôme du chef de ménage n’intervient pas vraiment.

 Un équipement technologique moins important et des terminaux différents.

Les foyers qui n’ont pas de téléphone fixe ont sensiblement moins (mais la différence est significative) la télévision que les autres (93% contre 97%). Par contre, il n’y a pas vraiment de différences quant au mode de réception (si l’on met de côté l’accès aux chaînes via le réseau téléphonique) : autant à l’aide d’une antenne classique ou du câble, un peu moins par satellite.

En revanche, la pénétration de l’ordinateur et d’Internet est très différente que l’on ait une ligne fixe et/ou un téléphone mobile.

Pénétration de l’ordinateur et d’Internet chez les foyers n’ayant pas de ligne fixe :

Total Foyers Foyers équipés d’un téléphone mobile uniquement Foyers équipés d’un téléphone fixe et d’un téléphone mobile Foyers équipés d’un téléphone fixe uniquement
Ordinateur 50% 41% 67% 15%
Internet 37% 11% 53% 10%

On constate que les « exclus du fixe » sont numériquement moins équipés en accès à Internet. Il faut dire que les foyers qui n’ont pas d’abonnement à une ligne fixe ne peuvent pas souscrire à un forfait ADSL (et réciproquement pour les offres combinées), ni avoir un modem. Corolaire, la proportion observée de foyers dont la connexion à Internet se fait via le téléphone mobile est nettement supérieure : 37% alors que pour les foyers qui ont à la fois une ligne fixe et (au moins) un téléphone portable elle n’est que de 21%. On observe aussi ce phénomène pour la réception d’Internet via la télévision [6].

 Conclusion : une fracture principalement due à des raisons financières ?

On peut supposer que si ces foyers n’ont pas d’abonnement à une ligne fixe ou le délaisse c’est pour le coût supplémentaire engendré. Cette hypothèse se vérifie lorsqu’il s’agit de s’équiper en accès Internet ou même tout simplement en ordinateur. En effet, ces foyers expriment davantage le besoin d’un recours à l’informatique (52% contre 30%), il y a plus souvent quelqu’un qui sait déjà s’en servir... mais l’investissement est trop important (51% contre 24%). D’ailleurs si les prix baissaient, un foyer sur deux s’équiperait alors que parmi les autres foyers (ceux avec ligne fixe) ils ne seraient qu’un sur cinq. Pour l’instant, ces foyers se débrouillent « autrement », en accédant à un ordinateur dans d’« autres endroits » (16% contre 8% dans l’ensemble de la population).

Le téléphone mobile n’est plus une technologie nouvelle, comme peut l’être encore l’ADSL ou même l’ordinateur, et reste un produit de substitution pour les ménages-individus à faibles revenus. Ce que cette enquête ne dit pas, c’est s’il existe un type de téléphone mobile ou si derrière ce terme se cachent plusieurs appareils et usages, de la simple fonction de téléphone au mini terminal multimédia.

II. L’ordinateur.

L’ordinateur, avec 50% de foyers équipés, est un objet (de plus en plus) courant, mais pas encore un des équipements de base d’un foyer, comme le frigidaire, la télévision ou le téléphone. La diffusion ne semble pas avoir atteint son maximum, puisque 30% des foyers non équipés ont envie de dis-poser d’un ordinateur à domicile (envie d’au moins un des membres).

Qui sont ces foyers encore non équipés (50%) ?

Chercher les déterminants du non équipement peut revenir à trouver les facteurs influençant l’acte d’équipement.

Les taux de foyers équipés varient significativement selon les caractéristiques foyers que sont l’âge du chef de famille, la profession du chef de famille, le diplôme du chef de famille, le type de mé-nage, le nombre d’enfants, la présence d’enfants de 11 à 18 ans, le niveau de vie, la taille de l’unité urbaine. On note cependant que âge du chef de famille, diplôme et dans une moindre mesure niveau de vie restent les principaux déterminants.

Ainsi, par exemple :

  un foyer dont le chef de famille a moins de 30 ans a environ 5,5 fois plus de chances d’être équipé que non équipé par rapport à un foyer dont le chef de famille a 60 ans et plus (3 fois pour un chef de famille âgé de 30 à 44 ans, 2,7 fois pour 45 à 59 ans) ;

  un foyer dont le chef de famille a un diplôme de niveau Bac +4 ou plus a environ 7 fois plus de chances d’être équipé par rapport à un foyer dont le chef de famille est sans diplôme (5 fois pour Bac +2 à Bac+4, 4 fois pour Bac, 2 fois pour BEP/CAP, 1,5 fois pour Brevet).

Il est plus surprenant que l’effet « enfant » ne soit pas plus fort. Il est quand même important, puisqu’un ménage avec enfant a 3 fois plus de chances d’avoir un ordinateur qu’un même ménage sans enfant.

La problématique du non usage ou non équipement est malheureusement souvent sous estimée dans les études sur les technologies, plus focalisées sur les questions d’usages et d’usagers / équipements. Pourtant même si le non-usage peut s’expliquer par des contraintes externes (état de l’offre, décalage entre l’offre technique et la demande sociale, mode de diffusion...), les caractéristiques d’un foyer et des individus qui le composent (âge, absence d’un certain capital économique et so-cial, incompétence technique et cognitive...) y jouent un rôle non négligeable.

Le principal frein à l’équipement d’un foyer en ordinateur reste la non utilité (60% des ménages de l’enquête M@rsouin ou 67% des ménages de l’enquête EPCV). En effet, l’utilité précède l’usage, ainsi la perception de la non-utilité d’un objet technique comme l’ordinateur peut tout simplement déterminer l’absence de son usage. Le besoin est donc l’élément le plus capital, "la mère" de l’appropriation ou du refus de la technologie.

Toutefois, il est important de pouvoir différencier le non-besoin basé sur une réelle justification, le non-besoin comme une défense et l’absence de besoin par manque de connaissances et de savoir-faire. Car il est clair, qu’un outil perçu comme inutile et dont l’usage semble compliqué ne sera ni adopté, ni utilisé. Le manque de confiance en soi de l’individu ou les incertitudes concernant sa propre capacité d’apprentissage, l’absence de motivation, les attitudes et les croyances négatives de l’individu à propos de la technologie jouent aussi un rôle important dans la résistance de l’individu aux innovations technologiques. Ainsi, 40% des ménages de l’enquête M@rsouin déclarent qu’il leur serait difficile de se mettre à l’informatique et 18% avouent ne pas en avoir actuellement les compétences.

La perception de la part d’un individu de l’incompatibilité d’un objet technique avec son style de vie et ses besoins peut justifier son non-usage, surtout si il y voit un risque lié à la complexité de la technique ou risque fonctionnel. 32% jugent le risque de pannes, d’incidents trop important et ne sauraient y faire face.

Une technologie qui apparaît excessivement chère à l’individu et ne présente aucun avantage par rapport aux autres dispositifs existants au niveau des fonctions et services, risque de faire l’objet d’un non-usage. C’est seulement bien après ces divers freins qu’apparaît la notion de prix avec 20% des ménages qui estiment que le prix représente un véritable obstacle. L’ordinateur reste un produit de luxe, complexe et cher, bien plus que le téléphone mobile. Cela se constate aussi au niveau de la fréquentation professionnelle de cette machine (chez les hauts niveaux de diplôme, chez les jeunes).

Cependant un prix attractif ne serait pas non plus suffisant pour que la technologie soit adoptée. Cette dernière doit être compatible avec le mode de vie du futur usager et ne pas présenter de risque social ou de détérioration du lien social. 13% passeraient trop de temps sur un ordinateur.

Enfin n’oublions pas aussi que certaines personnes ne disposent pas à leur domicile d’ordinateur mais ont facilement d’autres accès à l’informatique (sur leur lieu de travail, chez leurs parents, leurs proches...) Et il ne faut pas négliger non plus les vrais réfractaires qui eux sont réfractaires à tout produit technologique (ils seraient 7% d’après leurs déclarations). D’autres explications ou freins à l’équipement sont souvent citées, à savoir le grand âge ou des incapacités (vue, lecture) ou tout simplement un problème de place (problème qui n’en est pas réellement un avec les portables !)

Enfin il est intéressant d’analyser le comportement d’un foyer / individu au milieu de son entourage. Si un individu prend modèle sur la réussite de personnes semblables à lui, il s’estimera lui-même apte à apprendre en utilisant des tactiques d’apprentissage similaires.

III. L’accès à Internet.

63% des foyers ne possèdent pas d’ accès à Internet (et 13% ont pourtant un ordinateur).

Comme pour l’ordinateur, toutes les variables caractérisant le foyer ont un effet sur la connexion (et la non-connexion), mais les plus significatives sont, dans l’ordre, le diplôme du chef de famille, son âge, la présence d’enfants, et le niveau de revenus du foyer.

Ainsi, par exemple :

 un foyer dont le chef de famille à moins de 30 ans a environ 3 fois plus de chances d’être équipé que non équipé par rapport à un foyer dont le chef de famille a 60 ans et plus (3 fois pour un chef de famille âgé de 30 à 44 ans, 2,9 fois pour 45 à 59 ans),

 un foyer dont le chef de famille a un diplôme de niveau Bac +4 ou plus a environ 4,9 fois plus de chances d’être équipé par rapport à un foyer dont le chef de famille est sans diplôme (5,3 fois pour Bac +2 à Bac+4, 3,7 fois pour Bac, 1,8 fois pour BEP/CAP, 1,4 fois pour Brevet),

 un foyer avec 1 enfant a environ 3,3 fois plus de chances d’être équipé par rapport à un foyer sans enfants (3,1 fois pour 2 enfants, 3,4 fois pour 3 enfants, 2,7 pour 4 enfants et plus),

 un foyer du quatrième quartile (tranche de revenus les plus élevés) a environ 2,9 fois plus de chances d’être équipé par rapport à un foyer à revenus très faibles (2 fois pour 3ème quartile, 1,5 fois pour 2ème quartile),

 un foyer de cadre a 2,3 fois plus de chances qu’un foyer de retraité d’être équipé alors que cette proportion est de 0,8 pour un foyer d’ouvrier.

Les raisons du non-équipement sont les mêmes que pour l’ordinateur (coûts financiers et coûts d’ap-prentissage). Signalons que les craintes en terme de sécurité sont négligeables, ce n’est en tout cas pas un frein important à la connexion.

Raisons du non équipement du foyer en connexion Internet :

Votre ménage n’a pas besoin d’utiliser Internet 59%
Votre ménage ne sait pas s’en servir 30%
C’est trop cher (équipement, accès) 24%
Votre ménage a accès à Internet dans d’autres endroits 11%
Pour des raisons de sécurité et de vie privée 4%
Autre raison (attente ADSL, pas de ligne fixe, choix du FAI, déménagement, ordinateur trop vieux...) 22%

Enfin, 37% des foyers non équipés ont envie de disposer d’un accès Internet à domicile (envie d’au moins un des membres).

 Typologie des foyers non équipés en accès Internet.

Grâce aux techniques statistiques d’analyse des données, il est possible de classer / discriminer les foyers représentés dans l’enquête qui ne sont pas équipés d’un accès Internet.

|Méthodologie : Les foyers sont regroupés en fonction des « raisons évoquées » (deux principales raisons parmi une liste de raisons, traduction d’un manque, envie d’un membre du foyer de disposer d’Internet). Les variables socio-démographiques du foyer et son équipement en ordinateur et/ou ligne de télé-phone fixe n’interviennent pas dans la constitution de ces sous familles mais viennent les caracté-riser. Quatre classes ont pu être constituées. Méthodologiquement parlant, chaque classe de foyers pré-sente de nombreuses caractéristiques communes [7]. Par ailleurs, d’une classe à l’autre, les profils sont le plus différentiés possible [8]. On établit alors une sorte de « profil type » pour chaque classe, la classe présentant une proportion observée pour chaque caractéristique supérieure à la moyenne. Les données socio-démographiques utilisées concernant les foyers sont : le type de ménage, la présence d’enfant(s) dans le foyer, la tranche de revenus du foyer, la tranche d’âge du chef de famille, sa catégorie socioprofessionnelle, son diplôme le plus élevé obtenu, la taille de l’unité urbaine dans laquelle est installé le foyer.

Classe 1 : les foyers qui ne connaissent pas bien Internet (67%).

Pour les personnes vivant dans ces foyers, ne pas disposer d’Internet à la maison n’implique aucun manque, que ce soit pour s’informer, se divertir... Ils n’ont pas besoin d’Internet, seule raison vala-ble à leurs yeux. Mais souvent, cela cache un manque de compétences (personne dans le foyer ne sait s’en servir).

Le profil des foyers de cette classe compte davantage de foyers « âgés », où le chef de famille a 60 ans et plus, souvent peu diplômé, avec un niveau de vie relativement modeste. Il faut dire que très souvent ces foyers n’ont pas franchi le cap de l’informatisation du domicile.

Classe 2 : pas d’accès à domicile mais dans d’autres endroits (11%).

Cette fois-ci, les compétences sont là, le besoin aussi, il y a même souvent un ordinateur au domicile, mais pas toujours de ligne fixe.

C’est le cas de foyers jeunes (chef de famille de moins de 30 ans), voire moins jeune (45-59 ans). Le chef de famille a souvent un diplôme de niveau supérieur au bac, sa catégorie professionnelle est plutôt du type profession intermédiaire ou employé, voire même cadre ou profession libérale.

Classe 3 : des raisons financières (17%).

Aucune variable socio-démographique ne les spécifie vraiment si ce n’est le fait qu’ils sont souvent déjà équipés d’ordinateur mais trouvent un accès Internet à domicile trop cher. Ces derniers n’ont pourtant pas forcément d’autres accès et estiment que c’est un handicap pour s’informer et se divertir et même pour que leurs enfants, s’ils en ont, suivent correctement leurs études ou pour rechercher un emploi si ils se trouvent dans cette situation. Plus souvent que la moyenne (sur les foyers non équipés), il y a un membre du ménage qui souhaite disposer d’Internet à la maison.

Classe 4 : une question de sécurité (5%).

Ces foyers forment à eux seuls une classe bien spécifique, même s’ils sont peu nombreux.

La plupart du temps, ils ont déjà un ordinateur au domicile. Ils n’ont pas Internet pour « des raisons de sécurité et vie privée » et non pour des raisons de coûts, ce sont des foyers dont le niveau de vie est relativement élevé. Ils n’ont pas Internet mais estiment que cela représente un handicap dans le suivi des études de leurs enfants. Car bien souvent, il y a des enfants au domicile et le chef de fa-mille est dans la tranche 30-44 ans. On peut supposer que ce sont ces enfants qui sont à l’origine de l’envie d’avoir Internet exprimée par au moins un des membres.

Notes

[1voir sur le site de Médiamétrie les produits « La Référence des Équipements Multimédias » (enquête trimestrielle en face-à-face auprès de 22.000 foyers) et « L’Observatoire des Usages Internet » (enquête téléphonique mensuelle auprès de 12 000 individus).

[2méthodologie et résultats à l’adresse http://www.arcep.fr/uploads/tx_gspublication/etude-credoc2006.pdf.

[3voir plus loin dans l’article pour les caractéristiques

[4fiche technique et résultats à l’adresse http://www.tns-sofres.com/etudes/pol/171006_afom.pdf.

[5La régression logistique nous permet d’examiner de façon simultanée les variables tout en les contrôlant les unes par rapport aux autres, soit une situation « toutes choses égales par ailleurs ». On s’intéresse au « rapport de côtes » qui mesure l’association entre une variable et la présence ou non d’une caractéristiques (ici la télphonie sur IP), tout en ajustant les autres variables. On obtient ainsi des coefficients qui mesurent en terme additif le changement dans le logarithme de la côte des risques pour chaque unité de changement dans la variable. La hiérarchisation de ces coefficients permet de mesurer les effets et interactions significatives.

[6Cet équipement est, rappelons-le, encore très peu répandu, trop peu pour en tirer des conclusions.

[7soit une différence intra-classe (au sein d’une même classe) minimalisée

[8maximisation la différence inter-classes