Vincent Carlino a récemment rejoint le laboratoire Arènes. Actuellement en poste à l’UCO Nantes, ses travaux de recherche portent sur les enjeux écologiques du numérique.
Trois questions à … Vincent Carlino
1. Pouvez-vous présenter votre domaine de recherche ?
Mes recherches portent sur les controverses environnementales et les mobilisations pour l’écologie sur les plateformes numériques et dans les médias. Je croise la sociologie des controverses socio-techniques, la sémiotique des espaces numériques et l’analyse de discours médiatiques. Les terrains analysés concernent les luttes socio-politiques qui se constituent autour de l’exploitation et la préservation des ressources naturelles des territoires. Mes travaux portent une attention particulière à la production d’expertises et de savoirs à travers la notion d’enquête citoyenne.
Récemment, mes travaux concernent le numérique la transition écologique. J’étudie les acteurs impliqués dans la « green tech » afin de nourrir une approche critique de la sobriété et du numérique responsable. Un des enjeux consiste à inclure les acteurs vulnérables et marginalisés pour penser des innovations « low tech » proches de leurs usages afin de les rendre plus durables.
2. Pouvez-vous nous parler d’un projet de recherche qui vous tient particulièrement à cœur ?
Le projet Capacité d’agir des publics dans les controverses (Région Grand-Est, 2018-2020) condense les apports d’une approche compréhensive des controverses environnementales telles qu’elles se déploient sur les territoires, dans les médias et les plateformes numériques. Il s’agit de reconnaître et valoriser la capacité des acteurs concernés dans leur quotidien à produire des informations sur les phénomènes de pollution, de réchauffement climatique, de sécheresse, etc. Aujourd’hui, je prolonge cette démarche dans le cadre du projet ANR Greenseas (2022-2026) au sein du laboratoire Arènes.
3. Quelles interactions possibles voyez-vous avec les chercheurs et chercheuses du GIS Marsouin ?
Réfléchir à un numérique conscient des limites planétaires et des besoins des utilisateurs constitue une première possibilité. Les transitions écologique et énergétique peuvent nourrir des collaborations stimulantes sur la matérialité du numérique, à propos notamment de la construction d’infrastructures (datacenters, antennes 5G) et de l’extraction de ressources minières dans une approche décoloniale.
La seconde interaction possible est l’intégration des questions de responsabilité et de durabilité dans les enquêtes sur les équipements et les usages du numérique en Bretagne. Le GIS Marsouin constitue un excellent espace pour travailler ces questions en lien avec les collectivités territoriales.