Flavie Ferchaud a soutenu sa thèse intitulée « Fabriques numériques, action publique et territoire »

Le 5 février 2018, à l’université de Rennes 2, Flavie Ferchaud a soutenue une thèse intitulée « Fabriques numériques, action publique et territoire. En quête des living labs, fablabs et hackerspaces (France, Belgique) »
Cette thèse à été préparée à l’UMR CNRS 6590 Espaces et Sociétés, sous la direction de Christian Le Bart et Marc Dumont.

Le jury était ainsi composé :

  • Guy Baudelle, Professeur des Universités, Université Rennes 2
  • Emmanuel Eveno, Professeur des Universités, Université Toulouse 2 Jean Jaurès
  • Marie-Christine Fourny, Professeure des Universités, Université Grenoble Alpes
  • Christine Liefooghe, Maître de Conférences, Université Lille 1
  • Elsa Vivant, Maître de Conférences, Université Paris-Est – Marne-la-Vallée
  • Cécile Vignes, Direction de l’aménagement urbain et de l’habitat, Rennes Métropole / responsable Cifre
  • Christian Le Bart, Professeur des Universités, Université Rennes 1 / co-directeur de thèse
  • Marc Dumont, Professeur des Universités, Université Lille 1 / directeur de thèse


Résumé :

Cette thèse part du constat de l’incorporation d’objets appelés « fablab », « hackerspace » ou « living lab » dans les politiques publiques. Le déploiement démultiplié de ces nouveaux « lieux » au cœur ou aux marges de l’action publique des collectivités, s’accompagne d’une sémantique associant l’innovation, l’entrepreneuriat, la flexibilité et la créativité. Cette thèse démontre qu’au-delà de ces effets rhétoriques et de la fascination qu’ils exercent (mais qui s’explique), ces objets de politiques publiques constituent une des réalités de l’action métropolitaine, sous différents registres et modalités. En se distançant des discours laudatifs qui accompagnent leur émergence, la thèse fait de l’analyse de leurs rapports au territoire et de leurs prises avec les dynamiques de l’espace urbain son objet central.

La prise en compte de la complexité de l’objet de recherche et de son inscription dans une action publique en constant changement impose de s’intéresser aux logiques de l’espace propres à la géographie et l’aménagement et de recourir aux apports d’autres disciplines, telles que la sociologie et la science politique.

L’enquête articule des espaces, des temps et des méthodes d’enquête différentes. À une première enquête en France portant sur les hackerspaces, les fablabs et les living labs succède une enquête comparative à l’échelle européenne (Rennes et Toulouse en France, Gand en Belgique). La thèse expose et décrypte les promesses portées par ces lieux. Des tensions sont mises en évidence, l’une, majeure, les situant entre héritage de la contre-culture, processus de normalisation et de « récupération ». Ces tensions constituent les fils directeurs de la thèse : elles traversent l’inscription des dispositifs d’expérimentation et de fabrication numérique dans un contexte de mutations spécifiques aux villes contemporaines. La thèse éclaire également, en s’appuyant sur les notions de « monde social », de « communs » et de « communs urbains », leurs dynamiques sociales.

Démontant en partie les représentations enthousiastes dont fablabs, hackerspaces et living
labs restent majoritairement l’objet, la thèse relativise leur portée en termes d’intégration et d’ouverture, autant que leur rôle dans la transformation des politiques urbaines locales.

Mots clés : territoire, métropole, action publique, politiques urbaines, pratiques numériques, expérimentation, fabrication numérique, dispositif, fablab, hackerspace, living lab, France, Belgique, Rennes, Toulouse, Gand

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Abstract :

The starting point of this doctoral research is the observation of the incorporation of objects called "fablab", "hackerspace" or "living lab" in public policies. The rise of these new "places" at the heart or at the fringes of public policies is accompanied by the semantics which combine innovation, entrepreneurship, flexibility and creativity. But beyond these rhetorical effects and the fascination created by these objects of public policies, it is demonstrated that they constitute one of the realities of the metropolitan action, under various categories and modalities. This thesis stays away from the laudatory discourses that come with the emergence of these objects. Their relationships to the territory and the dynamics of the urban space are central to the analysis. Then, taking into account the complexity of these places and their inclusion in an ever-evolving public policy requires
to use the logics of space, specific to geography and planning, and to resort to other disciplines’ contributions, such as sociology and political science. The investigation links different spaces, times, and survey methods together. A first investigation in France on “hackerspaces”, “fablabs” and “living labs” is followed by a comparative investigation on a European scale (Rennes and Toulouse in France, Ghent in Belgium). The thesis exposes and interprets the promises made by these places. Tensions are highlighted. One major tension situates these places between inheritance of the counter-culture, normalisation process and "recovery". These tensions are the guiding principles of the thesis :
they are going through the insertion of places of experimentation and digital manufacturing in a context of changes, inherent to contemporary cities. Based on notions such as "social world", "common" and "urban commons", the thesis also enlightens the social dynamics of these places. Partly dismantling the enthusiastic representations regarding “fablabs”, “hackerspaces” and “living labs”, the thesis puts their scope in perspective in terms of integration and openness, as well as their role in the transformation of local urban policies.

Key words  : territory, city, public policy, urban policies, digital practices, experimentation, digital fabrication, place, fablab, hackerspace, living lab, France, Belgium, Rennes, Toulouse, Ghent