10e séminaire M@rsouin

, par Priscillia Creach

Jeudi 24 et vendredi 25 mai à Océanopolis, Brest (29)

Chaque année, M@rsouin organise un séminaire, ouvert à tous, pour présenter les résultats de ses recherches et les projets en cours. Lieu d’échanges entre chercheurs et acteurs de la Société de l’information, il est ouvert à toute personne intéressée par l’usage des Technologies de l’Information et de la Communication.

Le séminaire est ouvert à tous, l’inscription est obligatoire.

APPEL A COMMUNICATIONS

10e séminaire M@rsouin

Le GIS Marsouin, fédération des équipes bretonnes de Sciences Humaines et Sociales travaillant sur les usages du numérique organise son traditionnel séminaire les 24 et 25 mai 2012 à Océanopolis (Brest, Finistère).

télécharger l’appel à communications :

Le programme et le formulaire d’inscription sont disponibles sur le blog dédié

Cet ouvrage rassemble les actes du 10e séminaire annuel du Gis M@rsouin qui s’est tenu à Brest les mai 2012.

Il est organisé en sept chapitres qui abordent autant de thématiques.

Extraits de l’avant-propos de Godefroy Dang Nguyen, directeur scientifique

Un premier champ est celui du handicap. C’est un thème qui revient régulièrement dans les séminaires M@rsouin, car il y a au moins deux équipes à Brest qui travaillent depuis de nombreuses années sur ce thème. L’une autour de Simone Pennec au sein de l’Atelier de recherche sociologique de l’Université de Bretagne occidentale, a pour focale principale le contexte social du vieillissement, dont le numérique est un objet d’étude complémentaire car les Tic peuvent réduire l’isolement, pallier certaines déficiences acquises avec l’âge. La seconde équipe, de Telecom Bretagne, travaille avec Maryvonne Abraham sur le contexte d’usage par des handicapés souffrant d’une capacité très réduite de communication, d’une invention de la chercheuse, l’écriture pictographique. Celle-ci établit une traduction de l’écriture en français sous forme de pictogrammes, et ouvre de nombreuses perspectives pour la communication entre le handicapé et le soignant.

Le second champ présenté dans l’ouvrage est celui de l’apprentissage. Là encore la recherche en Bretagne est particulièrement féconde notamment au sein du CREAD, et ce thème est aussi récurrent dans les séminaires M@rsouin. Les quatre communications éclairent de manière complémentaire cet objet de recherche multiforme. La première étudie un corpus de textes qui traitent du rôle des Tice (Tic pour l’enseignement). L’objet est d’y dégager, au-delà d’une objectivité apparente d’un discours scientifique dont ils se parent, les finalités sous-jacentes assignées aux Tice : faire évoluer l’enseignement, rendre plus aisé l’apprentissage, mettre les acteurs (enseignants et apprenants) en capacité de s’approprier les Tic. La seconde communication (Lefeuvre) montre à partir d’entretiens, que les enseignants dans le supérieur se divisent en deux catégories vis-à-vis de leur réception des Tic : la première est réticente car cela remet en cause la finalité universelle de leur métier, la seconde est favorable car elle estime que l’université doit répondre aux attentes de la société et que l’usage des Tic fait partie de ces attentes. La troisième communication (Freyssinhes) se place du point de vue de l’apprenant, et montre que le taux d’échec dans l’auto-apprentissage n’est pas imputable à un prédéterminisme socio-culturel ou à une psychologie particulière, car on trouve des succès dans tous les « styles » d’apprentissage. C’est plus une capacité individuelle d’autonomie qui semble être un dénominateur commun de ceux qui réussissent leur auto-formation. Enfin la dernière communication (Plantard) propose un schéma général du mécanisme d’appropriation des Tice, qui pourrait, selon l’auteur, être utile aux médiateurs, les acteurs qui facilitent l’auto-apprentissage. Son schéma repose sur une boucle : représentations/ pratiques/ usages/ « techno-imaginaires ».

La troisième partie traite d’un thème qui va prendre de plus en plus d’importance dans la recherche sur les usages des Tic, celui des réseaux sociaux. Parmi les trois communications ici présentées, la première (Poveda) évoque les usages des réseaux socio-professionnels par les jeunes en recherche de premier emploi. Il montre que si des différences de comportements obéissent à des logiques sociales, la finalité d’une présence sur ces réseaux n’est pas seulement l’objectif utilitaire de trouver un emploi, mais participe aussi d’une construction identitaire sous le regard des autres, comme pour les réseaux sociaux non professionnels. La seconde communication (Haikel-Elsabeh et Alloing) évoque l’usage des réseaux sociaux par les entreprises pour repérer les leaders d’opinion et en faire des vecteurs de message promotionnel. La communication montre que la notion de leader d’opinion sur le Web est difficile à appréhender, fugace et « contextuelle », au sens où elle doit être autant construite par l’entreprise en fonction de ses besoins, que mesurée par des indicateurs objectifs. Enfin la troisième communication (Mell) évoque les comportements de dévoilement et de gestion de la vie privée sur Facebook. Elle montre que cela ne se réduit pas à ajuster les paramètres de confidentialité, mais que les membres apprennent à gérer leur dévoilement de soi avec le contexte de communication dans lequel celui-ci intervient.

Le quatrième thème est aussi très présent dans M@rsouin depuis de nombreuses années et concerne le marketing. Mais comme il s’agit d’un thème large, les questionnements sont renouvelés d’une année sur l’autre. La perception de la réalité augmentée (Gauttier) est pour la première fois traitée, en liaison avec les avancées de la technologie qui rend désormais ce service envisageable dans le grand public. La perception est étudiée sur un double échantillon (français/ russe) à partir du modèle TAM (technology acceptance model). Les premiers résultats donnent des perspectives d’approfondissement pour une investigation plus large. Le second papier (Gauzente, Kuntz-Cosperec, Petr) concerne l’usage des réseaux sociaux par les institutions culturelles. Celles-ci ont perçu l’enrichissement qu’apportent les réseaux sociaux, notamment en permettant de ne plus voir un public indifférencié, mais des « gens » avec qui il est possible d’interagir, pour le bénéfice de tous. Le troisième papier (Petr, Ngary) évoque l’usage d’une tablette en soutien d’une visite des musées. Il montre que le gain « culturel » n’est peut être pas encore aussi grand qu’attendu mais reflète une « preuve d’engagement » de la part des institutions pour attirer un public jeune. Enfin le quatrième papier (Poels) évoque la gratuité. Il cherche à poser un cadre d’analyse de ce comportement largement pratiqué sur Internet.

La cinquième partie évoque un thème nouveau pour M@rsouin, l’usage des Tic dans la pratique artistique. Le premier papier (Rageul) analyse la bande dessinée numérique, et pointe du doigt les éditeurs, qui commencent à s’emparer de cet objet, en limitant la forme d’expression à quelques formats préétablis, bridant ainsi la créativité des auteurs et confinant leur rhétorique. Le second papier (Chabert, Veyrat) traite de l’usage du smartphone en tant qu’objet « d’imprégnation », fournissant des outils de création artistique et d’exploration de l’environnemnt spatial tout en bousculant l’identité de chacun par la porosité qu’il installe entre public et privé. Enfin le troisième papier traite de la diffusion des outils graphiques dans le grand public montrant « un retour à un état sauvage d’agencements textuels et iconographiques ». Par opposition les professionnels reviennent à une conception « manuelle de typographies et de maquettes ».

Le sixième thème fait écho à l’apprentissage et renvoie à la transmission. G. Sapio forge le concept de « méta famille » pour décrire les réflexions et actes de distanciation que provoquent les « films de famille » facilités par le numérique. Les images aident ainsi la famille à prendre conscience des dynamiques qui la caractérisent. Le second article (Cassilde et Martin) évoque les inégalités dans la pratique culturelle. Il souligne le creusement d’une fracture provoquée par le recours à Internet dont sont exclues les personnes âgées et déjà à faible capital culturel. Le troisième papier analyse la transmission du patrimoine culturel breton. Il montre que la préservation de la langue est au cœur des stratégies de communication sur le Web et que la « patrimonialisation » prend tout son sens dans l’espace numérique.

Enfin la dernière partie traite d’un thème qui est aussi habituel aux séminaires M@rsouin, celui des blogs et des communautés. Le premier texte (Giraud) rend compte des pratiques de communication au sein d’une communauté associative de diffuseurs de logiciels libres en Gironde. Comme ils assurent également un service d’initiation, la proximité géographique a son importance, mais ce que montre le papier, c’est que la mobilité est plus importante que l’hybridation entre logique territoriale et proximité permise par les réseaux. Le second papier (Vlasceanu) analyse les blogs que tiennent les hommes politiques. Il montre que la participation et l’interaction qui en résulte ne sont pas naturelles, et plutôt instrumentalisées (plus fréquentes en période électorale), car cette participation ne peut se construire que sur le long terme. Enfin le dernier texte (Stassin) évoque les blogs de « l’infodoc » et montre qu’ils ne sont pas réservés à un public de professionnels mais interagissent avec d’autres types de blogs (marketing, high tech, politique). Les titulaires des blogs assurent des médiations « mosaïques …permettant des communications intracom-munautaires ou intercommunautaires, transprofessionnelles ou interdis-ciplinaires ».

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