[Rapport] Notice de lecture. MISSION INTERNET, ECOLE ET FAMILLE. LE PROJET PROXIMA. POUR UNE APPROPRIATION DE L’INTERNET A L’ECOLE ET DANS LES FAMILLES.

, par Annabelle Boutet-Diéye

Cet article présente un résumé du rapport de B.Benhamou « Le projet Proxima. Pour une appropriation de l’Internet à l’école et dans les familles ».

Le rapport « Le projet Proxima. Pour une appropriation de l’Internet à l’école et dans les familles », par Bernard Benhamou répond à une commande conjointe du ministère délégué à l’enseignement scolaire et du ministère délégué à la famille. Après une synthèse de la situation, il apporte des recommandations à la question de la diffusion de l’Internet auprès des familles, concernant l’aide à l’appropriation de l’Internet ; l’harmonisation du web public ; l’internet à l’Ecole/Projet Proxima ; l’accès public à l’Internet. Il présente également le projet Proxima Pour une appropriation de l’Internet à l’école et dans les familles.

L’état des lieux revient notamment l’importance des aspects qualitatifs de la fracture numérique. A côté du facteur économique, - notamment le coût encore élevé des équipements informatiques en France et la tarification des accès -, une des causes de cette fracture est le fait que les familles à revenus modestes ou les femmes éprouvent des difficultés « à trouver des contenus et des services qui leur soient destinés » sur Internet (p. 11). Ainsi, la catégorie internautes est essentiellement composée de jeunes hommes appartenant à des CSP (catégories socioprofessionnelles) supérieures. Le dernier facteur d’exclusion est lié à l’évolution des techniques que la majorité des gens ne sont pas à même de maîtriser. La recherche de la performance aurait pour effet de fournir des produits de plus en plus sophistiqués dont la manipulation devient extrêmement difficile pour les utilisateurs de base.

A l’instar de sociologue tels que Manuel Castells [1] et Josep Burcet [2], B. Benhamou souligne que plus la « démocratisation » d’Internet est lente plus elle risque d’élargir le fossé entre les internautes actifs - c’est-à-dire ceux qui produisent de l’information - et les non-utilisateurs jusqu’à ce que la fracture culturelle soit trop grande pour être comblée. Elle serait un frein à l’appropriation d’Internet, limitant le nombre des internautes actifs, aux dépens de la qualité, de la diversité et de l’ouverture des produits accessibles sur la toile.

Un dernier élément qui caractérise la fracture numérique est le manque de culture « numérique » ou de conscience quant aux « dangers » que représente une navigation non avisée. A côté des questions de protection de l’intimité contre l’intrusion à travers le piratage des disques durs ou des messageries personnelles et de la protection de l’enfance doit émerger un débat sur les modalités de collecte, de traitement et de diffusion de l’information. Internet est un media puissant que les Internautes doivent apprendre à maîtriser pour se l’approprier.

En résumé, il ressort 5 objectifs pour qu’Internet se diffuse dans les foyers : fiabilité, sécurité, utilité, simplicité et proximité. En d’autres termes, l’ensemble des acteurs concernés, à savoir les pouvoirs publics comme le secteur privé (que ce soit des constructeurs de matériel ou des fournisseurs d’accès) doivent participer à ce que nous pourrions appeler la « socialisation numérique » des utilisateurs en leur donnant les moyens d’être des « consommateurs » concernés et avertis.

L’aide à l’apprentissage d’Internet apportée aux familles et aux enfants doit donc insister sur ce qu’il appelle la transmission d’une culture et d’un sens des technologies. Pour cette tâche, B. Benhamou identifie deux espaces collaboratifs privilégiés que sont les Espaces Publics Numériques (EPN) et l’école, palliatifs à la diffusion des équipements dans les foyers. Il insiste également sur les innovations pouvant être mieux employées dans la collecte, le traitement et la diffusion des informations (métadonnées ; syndication et mutualisation des informations, notamment sur les sites de services publics, Internet mobile, interface non informatique, nouvelle génération de protocole IP). Il souligne enfin l’importance du développement des communautés du Web. Ces expériences peuvent être autant de lieux d’apprentissage et d’appropriation de la culture d’Internet pour les usagers néophytes.

La seconde partie du rapport est consacrée au secteur plus spécifique de l’éducation où B. Benhamou milite pour une approche citoyenne et raisonnée des usages d’Internet. Il propose que les jeunes internautes soient formés et sensibilisés aux techniques de production et de diffusion des informations sur Internet, pour dépasser la simple maîtrise technique et prône une démarche collaborative entre les acteurs scolaires (enseignants, établissements et élèves), garant de l’appropriation de ce média. L’appropriation d’Internet à travers le système éducatif repose sur un certain nombre de règles à respecter : ergonomie, d’interopérabilité et le respect des standards de l’Internet, fiabilité et la pérennité des informations, la modularité, la transparence.

Le projet Proxima aura donc pour objectif de rassembler au sein des établissements scolaires des informations de proximité (historiques, géographiques, culturelles, patrimoniales et scientifiques) afin de constituer des bases d’informations locales impliquant les enseignants, les élèves et leurs familles, mais aussi l’ensemble des acteurs locaux. Il s’appuie également sur la promotion de la mutualisation à travers des démarches collaboratives et de la pérennisation des sites et des informations.

Le rapport présente l’intérêt de s’appuyer sur l’analyse de nombreux rapports d’études et de sondages menés en Europe et sur le continent nord-américain, disponibles sur le Net. Il constitue une assez bonne synthèse de la situation de l’Internet « familial » en France. Comme tout moyen de communication, Internet est un sujet de débat sur sa capacité informationnelle et surtout sur l’appréhension que les individus ont de cette capacité. Ce rapport ne fait que renforcer le questionnement sur la part d’autonomie dont les Internautes disposent pour s’approprier l’outil et pas uniquement la maîtrise technique.

En annexe

 Analyse du projet collaboratif « Histoire et Mémoire » Storia e Memoria). Le site est celui de l’association culturelle italienne du même nom, constituée pour promouvoir les initiatives culturelles autour des événements de l’histoire du XXe siècle (et notamment les évènements liés à la période fasciste).

 Des « silos » aux flux d’informations : Weblogs et Syndication.

 Bibliographie thématique.

 Liste des personnalités interviewées