Les principales caractéristiques de l’enquête "entreprises et TIC" 2006

, par Jocelyne Trémenbert

Le terrain de l’enquête sur les technologies de l’information et de la communication « Entreprises et TIC » de 2006 de M@rsouin vient de se terminer. Avant d’exposer les premiers résultats, nous souhaiterions évoquer ses principales caractéristiques. Rappelons que cette étape est primordiale avant même de tenter de comprendre les enseignements que l’on peut en tirer et de la transformer en outil fournissant :

  un état des lieux précis des équipements et usages TIC actuels dans les PME

  une quantification du marché des PME

  une analyse typologique des différents profils de PME

  une évaluation des besoins TIC des PME

Le questionnaire est disponible au format pdf zippé.

Historique

Pour conduire leurs politiques de soutien à la diffusion des technologies de l’information et de la communication (TIC), la Région Bretagne et les CCI de Bretagne ont besoin d’une image fiable de l’équipement et de l’usage des entreprises. Ces dernières ont confié le soin à M@rsouin à travers son observatoire OPSIS d’en prendre les mesures.

Fin 2003, M@rsouin avait déjà lancé en collaboration avec la division Insee Bretagne une première étude auprès de 850 établissements. Cette enquête était réalisée par voie postale, auprès des établissements de 10 salariés ou plus des secteurs de l’industrie hors énergie, du commerce, du transport et organisation du fret, des services aux entreprises (hors services informatiques) localisés en région Bretagne.

Début 2005, une autre enquête avait aussi été menée auprès de 1500 établissements toutes tailles et tous secteurs confondus par téléphone.

Pour cette nouvelle enquête 2006, la finalité est de disposer d’un éclairage réactualisé sur l’équipement très évolutif et la sensibilité aux nouvelles technologies, permettant de mettre ainsi en évidence les leviers à développer.

Le questionnaire qui a été élaboré vise en particulier à connaître les points suivants :

  • le niveau d’équipement,
  • les usages (et non usages) des TIC en interne et dans les relations avec les partenaires (clients, fournisseurs, relations intra-groupe, relations au sein d’un réseau d’enseignes, de franchises ...) et notamment les usages des TIC dans les relations de coopération
  • les attentes en terme d’aide à la mise en oeuvre des TIC.

Il est bon de rappeler qu’en terme d’enquête auprès des entreprises sur le volet TIC on dispose de peu d’informations au niveau France entière. Par exemple, on déplore actuellement l’absence de la France dans les statistiques produites par Eurostat. Lors de la dernière enquête communautaire sur "L’Utilisation des TIC dans les entreprises" datant de 2004, elle était l’une des rares (5 pays parmi les 25) a ne pas y avoir participé. Et elle n’a pas participé non plus à la version 2005.

Couverture, base de sondage et exclusion

L’enquête « Entreprises et TIC » a ciblé des établissements bretons de 10 à 250 salariés et plus du commerce, de l’industrie et des services.

 Pourquoi le choix de l’établissement et non celui de l’entreprise comme unité statistique de sondage ?

Rappelons la définition de l’INSEE de l’établissement : « Une entreprise peut exercer son activité dans un ou plusieurs lieux (usine, bureau, magasin) géographiquement distincts et identifiés. Ces lieux sont appelés établissements. Une entreprise peut exploiter plusieurs établissements mais un établissement ne peut être exploité que par une seule entreprise ».

L’hypothèse que l’équipement et surtout l’usage en matière de technologies seront très différents entre un établissement dit secondaire et un établissement principal ou siège paraît naturelle. On peut même penser que souvent les décisions d’achat ou de connexion se font au niveau du siège et que c’est ce dernier qui est élément moteur par exemple de l’usage d’Internet, d’un Intranet, d’autres réseaux informatiques externes ...

Par ailleurs, le fait que notre étude est réalisée à l’échelon régional et non national vient confirmer ce besoin de recueil au sein de l’établissement. Le tissu économique breton est notamment formé par de nombreux établissements secondaires rattachés à un siège qui n’est pas forcément implanté en Bretagne. Il est donc primordial de prendre les mesures au niveau établissement.

 Choix des secteurs

Le choix des secteurs à interroger lui aussi est important. Car selon ce choix, les résultats de l’étude ne seront pas aisément comparables à d’autres enquêtes.

Par exemple, certaines enquêtes restreignent les secteurs au champ ICS (Industrie - Commerce - Services) qui comprend l’ensemble des secteurs marchands de l’industrie, de la construction, du commerce et des services. L’Agriculture (agriculture, sylviculture et pêche) et les Activités Financières du secteur des services (activités financières, administration, activités associatives et fonction immobilière) sont exclues. C’est le cas des statistiques sur les entreprises produites par l’INSEE, elles sont souvent calculées à partir de ce champ. Par contre celles d’Eurostat portent sur les champs C à K, soit en excluant seulement l’Agriculture (agriculture, sylviculture et pêche), l’Administration publique, l’Education, la Santé et action sociale, les Services collectifs, sociaux et personnels, les Activités des ménages et les Activités extra-territoriales.

Les entreprises que nous avons décidé d’enquêter ont une activité principale appartenant à un ensemble de secteurs très proche des deux méthodes exposées ci-dessus. En résumant, on pourrait dire entreprises de l’Industrie (hors Agriculture), du Commerce (en totalité) et des services (partiellement).

En effet, il faut descendre au niveau des divisions de la dernière nomenclature NAF (révision 1 année 2003 niveau 60) pour faire la distinction. Certains secteurs, nécessitant souvent une enquête spécifique en matière d’équipement et d’usages TIC, sont exclus, à savoir :

Division Libellé
01 Agriculture, chasse, services annexes
02 Sylviculture, exploitation forestière, services annexes
05 Pêche, aquaculture, services annexes
64 Postes et télécommunications
75 Administration publique
80 Education
85 Santé et action sociale
91 Activités associatives
95 Activités des ménages en tant qu’employeur de personnel domestique
96 Activités indifférenciées des ménages en tant que producteurs de biens pour usage propre
97 Activités indifférenciées des ménages en tant que producteurs de services pour usage propre
99 Activités extra-territoriales

 La restriction de la taille

La taille représente un autre critère de segmentation important. L’enquête concerne les établissements de 10 salariés et plus.

Ce choix a aussi été présidé pour des raisons de comparaisons (enquête Eurostat). De plus, les établissements de moins de 10 salariés feront l’étude d’une autre enquête. Et ceux de plus de 250 salariés sont exclus, ceci afin de rester au niveau des PME, même si nous n’avons pas suivi le critère de montant du chiffre d’affaires entrant dans la définition de la communauté européenne de la PME (mais rares sont les établissements de 10 à 250 salariés implantés en Bretagne pour lesquels le montant du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise dépasse les 50 millions d’euros).

Cette concentration sur des établissements de taille 10-250 salariés permet ainsi au niveau de l’élaboration du questionnaire de mélanger les usages, certains étant plus avancés que d’autres.

Rappelons que l’effectif est à prendre au sens de la définition de l’INSEE. « L’effectif d’un établissement correspond au nombre d’unités de travail par année (UTA), c’est-à-dire au nombre de personnes ayant travaillé dans l’établissement considéré ou pour le compte de cet établissement à temps plein pendant toute l’année considérée. Le travail des personnes n’ayant pas travaillé toute l’année, ou ayant travaillé à temps partiel, quelque soit sa durée, ou le travail saisonnier, est compté comme fractions d’UTA ». L’effectif ne traduit donc pas le nombre de personnes occupées.

 La base de données

Dans le cadre exclusif de cette étude, notre partenaire, la Chambre Régionale de Commerce et d’Industrie de Bretagne, a mis à notre disposition son fichier des ressortissants compilé à partir des fichiers des 8 CCI de Bretagne. Ce fichier est constitué suite au recensement effectué par circonscription avant chaque période électorale, la dernière datant de 2004. Il est exhaustif sur les établissements de 5 salariés et plus (hormis le secteur de la pêche, les professions libérales n’y figurant pas non plus). Les informations de ce fichier font l’objet de croisements avec d’autres sources de données telles les fichiers des Assedic et ceux des Impôts (taxes professionnelles).

Près de 9500 établissements bretons répondent aux critères de taille et secteur évoqués ci-dessus.

Plan de sondage et modes d’administration

 Date d’enquête et modes d’administration

Le questionnaire de l’étude a été envoyé par courrier, accompagné par une lettre explicative, en Avril 2006 à tous les dirigeants des établissements bretons de 10 salariés et plus sélectionnés, soit environ 9500. En un premier lieu, deux possibilités de répondre leur étaient données : soit par retour de courrier (ou fax), soit en complétant un questionnaire en ligne sur le site de M@rsouin.

Au cours d’une seconde phase d’enquête, près de 5700 établissements parmi ceux n’ayant pas répondu ont été contactés par téléphone. Ces derniers ont alors soit répondu par téléphone, soit renvoyé le courrier, soit répondu en ligne.

Précisons aussi qu’au total moins de 2% des établissements ayant répondu (tous modes confondus) ont répondu en ligne.

Nous verrons plus loin que cette dernière étape, la relance téléphonique, est importante, non seulement pour obtenir une taille d’échantillon correcte permettant d’assurer une solidité statistique des résultats pour certaines sous-populations, mais aussi pour éviter d’introduire une sur-représentation des entreprises utilisant les TIC.

 Echantillonnage et représentativité

Nous souhaitions obtenir plus de 2000 réponses, ceci afin d’avoir une approximation de la marge d’erreur d’un maximum de plus ou moins 2,2%. Rappelons qu’en conséquence, la plupart des résultats seront présentés en pourcentages entiers, la précision ne pouvant aller au-delà. Cette taille d’échantillon nous permettait aussi de pouvoir affiner l’enquête au niveau des analyses, par exemple pour mener des analyses par département, par tranche de taille, par grand type de secteur ...

La méthode des quotas a été retenue de façon à obtenir une meilleure représentation de la population de référence (même si les réponses « naturelles » sont rentrées complètement aléatoirement).Les critères terrain de représentativité que nous avons choisis sont :

  • le poids par département (et même à l’intérieur de celui-ci par circonscription) en nombre d’établissements
  • la taille (10-19 salariés / 20-49 salariés / 50 salariés et plus) par département
  • le statut de l’établissement ( siège / établissement secondaire) par département
  • le secteur détaillé (IAA / construction / autres industries / commerce / hôtel-restaurant / transports / autres services) par département

Les établissements composant le tissu économique breton sont majoritairement des établissements composés de 10 à 19 salariés (51%). 3 établissements sur 4 sont des sièges. L’industrie représente 40%, le commerce 29% et les services 31%. C’est dans le département de l’Ille et Vilaine qu’il y a le plus d’établissements (35%).

Ces quotas ont été déterminés selon ces classes tout en respectant les données du dernier recensement CRCI 2004 (Cf. annexes graphiques).

Questionnaire

L’enquête s’est penchée sur les trois thèmes suivants : l’équipement et les usages de l’établissement, les usages avec les partenaires et les attentes en matière de TIC.Dans le plan original, on voulait par exemple répondre aux questions ci-dessous :

 Equipement et usage de l’établissement

  • Dans quelle proportion les établissements utilisent-ils ou prévoient-ils d’utiliser diverses TIC ?
  • Dans quelle proportion les employés ont-ils accès à un ordinateur personnel, au courrier électronique et à l’Internet ?
  • Quelles solutions informatiques sont mises en place ?
  • Quels sont les types de connexion possibles ? Quels sont ceux employés ? Depuis quand ? Répondent-ils aux besoins ?
  • A quoi sert l’Internet ?
  • A quoi servent les sites Web ? Evoluent-ils ?

 Les usages avec les partenaires

  • Dans quelle proportion les entreprises coopèrent et avec qui ? Quelle est la place des TIC dans ces collaborations ?
  • Quels sont les dispositifs mis en place dans les relations avec les fournisseurs / les clients ?
  • Dans quelle proportion les établissements acceptent-ils des commandes de biens et services par Internet ?
  • Ces commandes donnent-elles lieu à des paiements en ligne ?

 Les attentes en matière de TIC

  • Quel est l’impact des TIC ?
  • Dans quelle proportion les établissements ont recours à des prestataires ? Quels sont les critères qui président au choix ?
  • Quel est le niveau de développement de l’offre dans leur région ?
  • Quelles actions semblent prioritaires ?

 La signalétique

Une des grandes particularités de cette enquête réside dans la diversité des informations recueillies sur l’établissement qui viendront expliquer son équipement et son usage des TIC.

L’établissement est décrit en tant qu’entité : activité propre, effectif, niveau de qualification du personnel ...Mais de nombreuses questions concernent aussi ses relations avec ses partenaires : avec le siège, avec son groupe, avec ses fournisseurs, avec ses clients, avec l’administration, avec les banques ...

Avertissements et biais

Le résultat produit sur l’ensemble des interviews réalisées constitue un indicateur rendant compte de l’ensemble des résultats et permet une lecture globale des informations sans toutefois être représentatif si on souhaite descendre trop loin au niveau de certaines sous populations.

Il est bon de garder à l’esprit que les entreprises qui ont répondu sont sans doute aussi celles qui sont le plus ouvertes au regard des TIC.

 De l’importance de la relance téléphonique

La combinaison des deux modes d’administration du questionnaire se révèle intéressante. En effet, au regard d’indicateurs, on constate que la population des établissements ayant répondu à la première étape (retour courrier) n’a pas le même type de comportement / usage que celle que le prestataire a enquêté par téléphone.

brut téléphone brut papier Différence significative (T-test à 95%)
taille de l’échantillon 1838 726
EQUIPEMENT
Ordinateur 99% 100% non
dont 1 seul ordinateur 4% 2% non
Internet 89% 98% oui
ADSL 74% 83% oui
connexion permanente 76% 89% oui
débit >=2 mégabits/s 13% 23% oui
Précisent le débit 54% 78% oui
Intention de s’équiper d’une connexion plus performante 10% 16% oui
Souhaiteraient mais non disponible ou trop cher 4% 8% oui
service de téléphonie sur Internet ou voix sur IP 6% 11% oui
solution de connexion sans fil (WIFI) 16% 21% oui
Flotte de téléphones mobiles 74% 70% oui
Outils nomades (PDA ...) 25% 27% non
Call center / centre d’appels 11% 4% oui
Service de visioconférence 4% 4% non
site propre ou partagé 60% 63% oui
brut téléphone brut papier Différence significative (T-test à 95%)
USAGES D’INTERNET
Faire des déclarations sociales et fiscales en ligne 44% 71% oui
Utiliser des sites d’appels d’offres publics en ligne 19% 25% oui
Réaliser des commandes et paiements en ligne 38% 44% oui
Réserver en ligne (transports, hôtels ...) 37% 43% oui
Consulter des comptes et/ou réaliser des opérations bancaires 48% 73% oui
Recruter via des annonces ou des CV en ligne 20% 24% oui
Rechercher des informations sur l’environnement de l’entreprise (veille technologique, veille concurrentielle ...) 50% 55% oui
Rechercher des informations sur la réglementation 56% 65% oui
Accéder au système informatique de l’extérieur (télétravail, voyages, domicile ...) 17% 20% oui
Se former en ligne 9% 10% non

Les chiffres exposés sont bruts. Néanmoins, même en corrigeant chaque échantillon pour assurer une bonne représentativité, il est possible d’affirmer que les sensibilités aux TIC varient entre ces 2 sous échantillons « toutes choses égales par ailleurs ».

Un autre constat peut venir confirmer cette idée. Nous avions donné la possibilité de laisser son courriel pour obtenir une version électronique des résultats. Au total, 51% des interviewés ont laissé leur adresse, peut-être une preuve de la sensibilisation générale aux questions concernant les TIC. Dans les interviews téléphoniques ce taux n’atteint que 47% (50% si on prend en compte ceux qui ont précisé plutôt souhaiter une version papier) alors qu’il est de 61% pour les questionnaires papier.

De l’importance du travail sur la base de données recueillies

 Les redressements

Afin d’assurer une bonne représentativité du tissu économique breton, les contacts téléphoniques étaient menés selon les quotas énoncés ci-dessus. Par contre, les questionnaires papiers sont revenus naturellement. On note ainsi que les sièges ont davantage répondu alors que les établissements secondaires se sentaient moins impliqués. Au niveau de la taille, la représentativité s’est faite toute seule. En revanche, les entreprises du commerce ont nettement moins bien répondu alors que celle de l’industrie sont sur-représentées.

Au niveau méthodologie, nous avons donc choisi d’appliquer trois redressements :

  • un redressement selon les quotas évoqués au paragraphe « échantillonnage et représentativité » sur l’ensemble de l’échantillon (2564 réponses),
  • un redressement un peu plus restreint (taille, secteur et statut non croisés par département et localisation selon le département) sur l’échantillon papier (726 réponses)
  • le même redressement appliqué à l’échantillon téléphone (1838 réponses)

Ainsi il nous était également possible de travailler sur la méthodologie d’enquête, notamment les biais introduits au niveau du mode d’administration.

 Le contrôle des fichiers et des réponses

Une phase tout aussi importante réside dans la préparation des données. De nombreux contrôles ont été effectués, citons :

  • la mise en phase des 3 modes d’administration (téléphone / papier / questionnaire en ligne)
  • la gestion des doublons :

Certaines entreprises ont répondu à la fois par courrier et en ligne, par courrier et par fax, au téléphone et papier (cas d’une autre personne interviewée) et au téléphone (2 personnes différentes au sein d’un même établissement contactées).

  • La fusion avec le fichier adresses de départ :

Quelques numéros SIRET erronés au niveau de la saisie pour lesquels il a fallu à partir de caractéristiques (nom, département, effectif ...) retrouver le bon code

  • La validation des variables de quotas

L’effectif donné au niveau du fichier CCI n’était qu’indicatif. Un changement d’effectif important peut faire que l’établissement interrogé appartient à une autre tranche d’effectifs. De même pour le secteur (travail à partir du code APET) et le statut (établissement principal / secondaire)

  • La suppression de la base des questionnaires « peu répondus »

Calcul d’un score après définition d’un certain nombres de questions primordiales et éviction en fonction de ce score

  • Le travail sur le type de réponse : questions répondues en multi-réponses pour une attente en mono réponse
  • Le travail sur les valeurs aberrantes et les variables quantitatives (pourcentages supérieurs à 100, travail sur le CA , sommes non égales à 100, régions/ville à la place de départements, codes postaux incorrects ...)
  • Le contrôle de la réponse et du taux de réponse par question
  • La gestion des filtres (ascendante et descendante) et des cohérences
  • Le contrôle des réponses aux questions à choix (en premier / en second / en troisième)

Annexes graphiques